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de la continuation de ses efforts dans l’intérêt bien entendu de l’Angleterre. À la vérité, l’intérêt des peuples et des États pourrait dans tous les cas s’accorder avec les lois de l’humanité, et l’on ne saurait rendre de plus grand service au genre humain que de démontrer la liaison qui existe entre ces choses. C’est le seul moyen d’amener et l’opinion publique et ceux qui gouvernent à des mesures dont les déclamations des philantropes ne suffiront jamais à leur démontrer la nécessité, leurs propres intérêts étant toujours, sans qu’on puisse les en blâmer, ce qu’ils mettent en première ligne.

On se convaincra facilement que les mesures prises jusqu’à présent par l’Angleterre pour l’abolition de la traite des Noirs, sont parfaitement en harmonie avec la vaste politique commerciale de cette nation ; politique qui se dégage de plus en plus des entrave qui s’opposaient à ses développemens. Que l’on réfléchisse seulement que le but principal et la première règle de cette politique doit être d’ouvrir à l’industrie britannique de nouveaux marchés et d’étendre encore les anciens. Si jusqu’à ce jour l’exportation des produits anglais vers l’Afrique a été si peu considérable, la cause en était uniquement dans le commerce des esclaves qui exclut toute espèce de culture, d’industrie, de sécurité dans les propriétés, enfin qui paralyse tous les élémens qui constituent des relations amicales, tandis qu’il ne peut apporter pour compensation à une nation industrielle que de très-petits avantages car les marchandises avec lesquelles on a coutume de payer le prix des esclaves sont de la plus mauvaise et de la plus grossière qualité. Le gouvernement anglais ayant interdit le commerce des esclave à ses sujets et par là ayant empêché totalement le mince débit de marchandises que pouvait offrir ce commerce, il faut de toute nécessité qu’il mette d’autant plus de zèle à contraindre les autres nations à cesser aussi ce trafic, afin que les grands avantages que l’industrie anglaise a droit d’attendre de cette cessation en compensation de la traite, ne se fassent pas plus long-temps attendre. On comprendra facilement l’étendue de ces avantages si l’on songe qu’ils reposent sur deux conditions principales ; savoir : d’une part sur les besoins de ces peuples, et sur les commandes qu’ils font, par suite de ces besoins, des produits de l’industrie anglaise de l’autre, sur leur aptitude à se gouverner et à se conduire par eux-mêmes, et sur leurs moyens de solder le prix des marchandises. Toutefois ces choses agissent mutuellement et sans cesse les unes sur les autres, leurs avantages peuvent s’accroître à l’infini au moyen de la paix et des relations amicales : chaque pas dans la civilisation amène un nouveau besoin, et tout besoin accompli amène à son tour un nouveau pas. Grâce à la nature du sol et au climat, il ne faut que peu d’efforts de culture de la part des habitans pour pouvoir offrir à l’industrie anglaise, en échange de ses