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et l’histoire des indigènes, sur l’état antérieur et sur l’état actuel de leur civilisation, enfin, sur leurs relations avec les Européens. Il nous est entièrement interdit d’approfondir ce sujet : nous ne donnerons donc que de courtes indications sur les principaux points de la question. Les matériaux nous manquent pour résoudre les doutes ; et peut-être le temps n’est plus, où la solution de ces problèmes eût été possible. Il ne reste pour connaître la plupart des peuples d’Amérique que les débris de ces peuples eux-mêmes ; ce qui prouve en même temps que la perte de leur généalogie n’est pas grande, et que, pour retrouver leurs origines, l’histoire naturelle a plus à faire que l’histoire. Il n’y a de guides ici que les langues et les traditions, et l’on sent, au premier abord, combien ces sources sont insuffisantes. Parmi les premiers colons il y en eut peu qui s’inquiétassent de savoir quelque chose sur les habitans primitifs, et nul, sans doute, n’aurait eu pour entreprendre un pareil travail les connaissances nécessaires et l’esprit méthodique qu’exige un plan suivi. Depuis, et dans les derniers temps, le Brésil a été visité, il est vrai, par des voyageurs instruits et avides de science ; mais l’objet de leurs recherches s’était presque entièrement évanoui, les tribus indigènes étaient ou détruites ou dispersées : on ne pouvait plus que raisonner d’après des analogies de mœurs, d’usages et de langues. Enfin, ces langues, qui peut-être présenteraient le plus de ressources, sont précisément ce que nous connaissons le moins : il est même impossible d’asseoir sur les notions que nous en avons, des idées générales qui approchent d’aucune espèce de certitude. Ce sont des choses qu’il faut abandonner à des découvertes futures : elles détermineront, peut-être, quelle est la nature des langues de l’Amérique et quels sont les rapports qui existent entre elles.

Sans exprimer nos doutes et nos objections, nous répéterons l’assertion qui donne à l’Amérique cinq cents langues, toutes différentes les unes des autres ; chose d’autant plus bizarre, qu’elle ne s’accorde nullement avec ce que nous savons des variétés de l’espèce humaine dans l’Amérique méridionale. On n’y trouve en effet que trois races qui soient distinguées par des caractères extérieurs : ce sont, au nord, les Caraïbes ; puis, au sud, quelques tribus du Chili (par exemple, les Araucanes) ; et, enfin, les nombreuses tribus qui ont des rapports de ressemblance avec la race mongole de l’ancien continent. La plus grande partie de la population primitive de l’Amérique méridionale, et notamment celle du Brésil, appartient à cette dernière espèce ; et cependant des cinq cents langues, dont il est question, la moitié au moins revient à l’Amérique méridionale, et peut-être en est-il jusqu’à cinquante que l’on parle au Brésil. Il existe dans l’ancien monde une disproportion d’un genre opposé entre les