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corde avec l’accomplissement de ce vœu. L’expérience a prouvé que rien n’est plus propre à gâter l’esclave et à diminuer sa valeur, que l’usage fréquent du fouet, qui anéantit en lui tout sentiment d’honneur. Et s’il est vrai que les mauvais esclaves s’attirent le plus ces corrections, il est vrai aussi qu’il y a ici une continuelle et fâcheuse réciprocité de cause et d’effet. D’ailleurs, les esclaves s’habituent si promptement à ce genre de douleur, qu’il arrive souvent que ceux que leurs premiers maîtres châtiaient fréquemment du fouet, supplient leur maître nouveau de les faire fouetter plutôt que de les faire enfermer, ne fût-ce que pour peu de temps. Le meilleur moyen de retenir les esclaves dans le devoir par une sévérité nécessaire, mais dépourvue de cruauté, c’est de les enfermer pour plus ou moins de temps, et surtout aux jours qui leur sont réservés, sans y joindre d’autre privation que celle de la lumière. Passer un jour seul dans l’obscurité et sans alimens, est une chose que le Nègre redoute beaucoup plus que tous les coups de fouet qu’on pourrait lui donner.


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