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VOYAGE PITTORESQUE

DANS LE BRÉSIL.

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MŒURS ET USAGES DES INDIENS.


Il ne faudrait pas qu’un Européen qui n’a visité du Brésil que les villes maritimes, qui ne connaît que les plus riches propriétaires, les employés ou le peuple des villes, s’arrogeât le droit de prononcer sur l’état du pays et sur ses habitans. Cependant cela n’arrive que trop souvent, et trop souvent aussi on rend des jugemens, on émet des vues qui sont également entachés d’inexactitude et de partialité. La seule chose qui puisse établir une opinion saine et digne d’attention, c’est une longue résidence dans l’intérieur du pays, c’est une fréquentation habituelle et familière de la partie de la population qui se voue à l’agriculture, je veux parler des colons. Sous ce rapport nous pourrons recommander l’excellent ouvrage de l’Anglais Koster à tous ceux qui veulent bien connaître l’état du Brésil : il a passé plusieurs années à la campagne dans la province de Pernambouco. Les bornes de notre ouvrage et le but que nous nous proposons, ne nous permettent pas de toucher ce point autrement que d’une manière générale.

On peut bien imaginer que le genre de vie, les mœurs, la position sociale du colon brésilien varient selon les divers degrés d’aisance dont il jouit. Mais le genre d’industrie dont il fait sa principale occupation, exerce sur lui une influence encore bien plus grande ; cette industrie est ordinairement ou l’éducation des bestiaux ou l’agriculture, et celle-ci a encore différentes branches. La condition du colon est modifiée aussi par le plus ou moins d’éloignement qui sépare ses domaines de la côte, des grandes villes et des routes fréquentées.

On peut regarder comme les plus considérés parmi les colons, les propriétaires des exploitations de sucre ; d’une part, parce que leurs plantations sont pour la plupart dans le voisinage de la côte, dans les contrées où la population est plus nombreuse, dans les lieux où la culture est le plus ancienne ; de l’autre, parce qu’elle exige une plus grande dépense en instrumens, en mobilier, en esclaves. Mais aussi on rencontre chez eux moins d’originalité, moins de simplicité de mœurs que chez les petits colons de l’intérieur, car la plupart d’entre eux passent leur vie dans les villes maritimes au milieu d’un luxe européen. Ordinairement on retire une triple utilité des terres d’une plantation de sucre. Il y a une grande forêt pour fournir à