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ses nœuds devienne le fond du vase. L’épaisseur des roseaux étant souvent celle du bras, il n’en faut pas une bien grande longueur pour contenir beaucoup d’eau.

La plupart des sauvages couchent dans des hamacs tressés en nattes, et que l’on suspend soit à un poteau de la hutte, soit entre deux arbres. Cependant les Botocudos ne font point usage des hamacs : ils se préparent des litières sur la terre même, et les composent du liber du pao estopa.

On voit, contre les parois de la cabane, des réseaux ou des sacs qui renferment les objets de toilette et les autres petites choses qui complètent le mobilier des Indiens : ce sont, par exemple, des matières colorantes, des ficelles, des plumes, des hameçons. Mais la plus importante des richesses aux yeux des Indiens est dans la possession de leurs armes : ils les emploient et pour la chasse et pour se défendre contre leurs ennemis. Ils tiennent beaucoup aussi au couteau dont ils se servent pour fabriquer ces armes, et ils le portent ordinairement suspendu à leur cou, au moyen d’un cordon. C’est presque toujours une lame européenne serrée entre deux morceaux de bois en guise de manche ; car, les Indiens préfèrent cette espèce de poignée aux manches ordinaires que les blancs leur vendent avec le couteau. Les haches de fer sont si rares que les hordes n’en ont le plus souvent qu’une seule pour tous.

L’arc et la flèche sont les principales armes des Indiens. Ces armes sont beaucoup plus longues que chez les autres sauvages ; cependant la plupart de ceux de l’Amérique méridionale portent aussi des arcs et des flèches d’une grande longueur. La lance et le lazo ne se trouvent que chez quelques peuplades, qui depuis la découverte se sont mises à combattre à cheval ; et c’est chez celles-la seulement que les arcs et les flèches ont été raccourcis. L’arc des Brésiliens est souvent de cinq, de six, et même de sept pieds. Sur la partie méridionale de la côte d’orient, ainsi qu’à Minas-Geraes, on le fait du bois noir et luisant du palmier aïri, et plus vers le nord on se sert, à cet effet, du bois que les Portugais appellent pao d’arco. C’est une espèce de bignonia : il est dur et d’un blanc jaunâtre, qui par la suite passe au brun. Jamais on n’emploie les intestins des animaux pour en faire des cordes ; mais on prend des écorces, et surtout de celle de la cécropia. Pour les flèches, elles sont de différentes sortes de roseaux, elles ont quelquefois cinq pieds et plus. Les Botocudos en font de la tige du roseau appelé uba, qui est très-lisse. Il y a trois espèces de flèches. Les unes, à pointe large, faite ordinairement du roseau tangarussu : elle est très-dure et très-pointue. Pour augmenter encore la force de cette pointe, on l’enduit de cire, et le roseau qu’on en imbibe au moyen du feu devient aussi dur que la corne. Comme par la nature du roseau cette pointe est creuse, les blessures qu’elle fait saignent