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toutefois une exception très-prononcée. M. de Eschwege, dans son Journal du Brésil, en a donné une notice fort intéressante, qui est l’ouvrage du commandant de la Nouvelle-Coïmbre. Ce sujet mérite de nouvelles recherches et un nouvel examen. Les Guaycurus paraissent être la seule tribu indienne qui ait adopté le cheval des Européens : ils sont en cela entièrement semblables aux Indiens cavaliers de l’Amérique espagnole, et il est certain que leurs chevaux leur viennent aussi des Espagnols, car les premiers Portugais qui les rencontrèrent les trouvèrent déjà montés. Leurs armes sont la lance, une espèce de massue et de petits arcs avec des traits courts. Non-seulement ils se sont rendus formidables aux Portugais sur terre, mais, par leurs fréquentes incursions, ils ont tellement troublé les communications entre les provinces de Saint-Paul et de Cujaba, à travers les affluens du Paraguay, que ces communications ont cessé entièrement. Souvent les canots réunis des Guaycurus ont porté de deux cents à trois cents guerriers. À en juger par la description de leur extérieur, ces peuples semblent plutôt appartenir à ceux du Chili qu’aux Brésiliens et aux Guaranis, et leur civilisation paraît plus avancée. Les femmes sont, dit-on, habillées de coton tissu par elles : on ajoute que les mariages offrent le charme d’une tendresse extraordinaire. Ces Indiens, qui demeurent réunis en aldéas, se divisent en trois castes ; celle des nobles ou chefs, celle des guerriers et celle des esclaves. Les hommes pris à la guerre et leurs descendans font partie de cette dernière. Les esclaves sont bien traités : on ne les force point au travail ; mais jamais les Guaycurus ne mêlent leur sang au leur. Les diverses guerres faites par eux ont introduit dans cette classe des Indiens des tribus les plus éloignées : on prétend y trouver une espèce d’hommes que l’on appelle Cudinas, et qui imitent en tout les femmes. La langue de ce peuple a cela de particulier, que, pour désigner les mêmes objets, les femmes se servent de mots différens de ceux qu’emploient les hommes.


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