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colonie de Faubaté, ou bien contre les Espagnols du Paraguay ; telles sont encore les expéditions avantureuses de petites troupes guidées par des chefs audacieux, à travers les déserts de l’intérieur, pour y chercher l’or et les pierres précieuses. Ces faits expliquent en même temps plusieurs traits de leur caractère.

L’esprit entreprenant des Paulistes s’exerce maintenant dans un cercle plus pacifique : cette ardeur qui les poussait vers l’or et les diamans que renferment les montagnes lointaines de Minas, de Goyaz et de Cujaba, s’est tournée vers la culture d’un sol fertile, qui est situé sous le climat le plus doux de la terre ; ils s’appliquent aussi à l’éducation des bestiaux. Toutefois de nos jours encore on rencontre des Paulistes dans presque toutes les parties du Brésil ; ils y sont colons, ou cherchent fortune par tout autre moyen. On les regarde aussi comme les meilleurs soldats du Brésil, et dans la dernière guerre de Buenos-Ayres leurs régimens de milice ont soutenu cette réputation. Il y a dans le caractère et dans les mœurs des Paulistes bien des choses que l’on peut expliquer par le mélange du sang espagnol ; en effet, il est arrivé dans leur pays plusieurs émigrations des colonies que cette nation a dans le voisinage : c’est ce qu’atteste cette multitude de noms espagnols usités dans cette province. De là une grande simplicité dans les mœurs et dans les besoins de la vie, l’absence de luxe, même dans les classes élevées, surtout en ce qui concerne les meubles et la batterie de cuisine ; de là enfin cette cordialité qui règne dans la société. La musique, la danse, la conversation y remplacent les cartes, qui sont au premier rang des plaisirs dans la plupart des autres villes du Brésil, où l’on se conforme sur ce point aux habitudes portugaises et anglaises, tandis que les Paulistes ont conservé les Tertullas d’Espagne.

Les différences qu’on remarque entre le caractère des habitans de Minas Geraes, appelés Mineiros, et celui des Paulistes, sont grandes ; elles pourraient étonner, surtout si l’on considère que pour la plus grande partie la première de ces provinces a reçu sa population de San Paulo. Cependant ces différences s’expliquent au moyen de l’arrivée d’aventuriers de tous les pays. L’immense abondance de l’or de Minas Geraes, le gain facile que présentait autrefois ce métal, ne pouvaient manquer d’amener deux conséquences assez fâcheuses pour le caractère des Mineiros, l’oisiveté et la prodigalité, qui marchent accompagnées de toute sorte de déréglemens. Il faut y ajouter d’autres circonstances d’un très-mauvais effet : l’affluence de vagabonds de toutes les parties du Brésil, les prohibitions d’exportation de l’or et des diamans au-delà des limites de la province, etc. Il est résulté de tout cela beaucoup de tromperies, de crimes et de violences : il ne faut donc pas s’étonner si le peuple de Minas Geraes