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très-subites et très-prononcées. En général, dans le Brésil le climat et la végétation se gouvernent plus selon la disposition du pays que selon les divers degrés de latitude, et dans les cantons situés de même, il y a peu de différences locales entre les provinces du nord et celles du sud ; c’est la hauteur au-dessus du niveau de la mer, c’est la proximité des fleuves et des eaux qui les produisent. On trouve sur toutes les rives, tant de la mer que des fleuves, la végétation de forêts qui peu à peu rejoignent celles qu’on peut appeler primitives ; mais elles se perdent à mesure, qu’on s’avance, vers l’intérieur, et vers la source des fleuves elles disparaissent, aussi de leurs bords. Enfin, là où la côte maritime est hérissée de rochers, comme la portion méridionale de celle d’orient, et là où elle se compose de marais et de dunes, comme cela arrive au nord, il n’y a point non plus de forêts. À Pernambuco, Seara, Rio-Grande, Maranham, etc., il faut s’avancer de plusieurs journées de marche vers l’intérieur des terres pour en trouver ; au contraire, elles sont à peu de distance du rivage entre Santa-Catharina et Sergipe, et bientôt on rejoint les forêts natives, de sorte que la région que nous avons appelée de la côte orientale, offre à la fois et les plus belles formes de montagnes et la plus active végétation, En ce qui concerne les modifications apportées au caractère d’un pays par les ouvrages de l’homme, il faut remarquer que la plupart des plantations occupent au bord des rivières l’espace laissé vacant par les forêts, tandis que les collines de la région intérieure sont animées par des métairies éparses, par des troupeaux et par l’exploitation des mines.

Passons maintenant à une description plus particulière des diverses régions du Brésil.

Le littoral, premier objet qui happe l’attention de l’Européen, offre des divergences si grandes, qu’il est impossible de le comprendre dans une seule description générale. Au sud de la côte orientale, où les montagnes et les forêts primitives se rapprochent de la mer, les paysages présentent sur le second plan, ou même immédiatement au-dessus de la mer, les masses vigoureuses et pyramidales des formations primitives, et le long de leurs bases se dessinent en vert foncé les forêts vierges qui les accompagnent ; mais là où, serrant la côte, les montagnes plongent leurs roches dans l’onde même, le rivage est nu ; seulement on voit çà et là quelques groupes de palmiers-cocos à tige grêle et élancée ; de limpides ruisseaux se précipitent du sein d’anses sauvages et boisées, et sur leurs bords il y a des cabanes éparses de pêcheurs ou des petites plantations. Si, moins abruptes et moins rocailleuses, les montagnes se retirent du rivage pour faire place aux forêts