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JEAN RUFUS. — PLÉROPHORIES.



XXXIX. — Semblable à la précédente, est l’histoire du bienheureux Claudien, qui était intendant[1] sur tous les biens de l’église de la ville d’Éleuthéropolis. Il était du parti des évêques ; mais il avait la confiance et l’amitié du bienheureux abba Romanus et il faisait de nombreuses et abondantes aumônes pour son monastère[2], pendant sa vie et après sa mort. Car lui aussi tomba malade et, sur le point de mourir, il eut une vision et un témoignage semblable au précédent. Et, sans le moindre retard, il donna l’ordre à ses familiers, durant la nuit, alors que personne ne pouvait y voir, de le prendre et de le conduire au monastère de l’abba Romanus qui était à cinq milles (de là). Quand il y fut arrivé, il rendit témoignage aux saints Pères et aux archimandrites qui étaient avec l’abba Léontius, et il leur avoua et leur raconta sa vision puis il les supplia ardemment et il leur demanda avec larmes et soupirs, non seulement de lui accorder de participer à la communion des orthodoxes, mais encore de lui donner l’habit monacal. Après avoir vécu seulement trois jours, il mourut plein de joie et d’allégresse et il fut enterré avec les prêtres. La cause de ce salut digne d’admiration fut l’aumône à laquelle rien n’est impossible.

  1. ἐπίτροπος.
  2. Il ne s’agit sans doute pas du monastère de Thécué (ch. xxv), mais de celui que Romanus bâtit, vers 457, près d’Éleuthéropolis, à deux milles du saint prophète Zacharie, sur le territoire du village de Kefar Tourban qui appartenait à Eudocie, cf. Land, III, p. 345, 1. 3-14 ; R O C., t. V (1900), p. 272. C’est près de ce monastère que Sévère et Anastase d’Édesse commencèrent à mener la vie monacale, Patr. Or., II, 96-97 ; 228-229. Cf. infra, ch. lxxxvii.