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JEAN RUFUS. — PLÉROPHORIES.



vieillard : « Voici pourquoi j’ai passé par ta demeure : c’est que je m’attends à ne plus te revoir. Nous allons au combat et l’exil[1] nous est réservé, à moins que nous ne foulions aux pieds notre conscience qui est en Dieu ; ils nous demandent, en effet, de mépriser et de renier la foi de nos pères et de penser ce que (pensaient) Simon le Magicien et les juifs, comme si le Christ qui a souffert pour nous, n’était pas Dieu. Prie donc pour nous, seigneur Père, afin que je ne sois point couvert de honte dans ma vieillesse. »

Comme il se rappelait ces faits[2] et considérait avec étonnement l’objet de la vision, sans arriver toutefois à le saisir, le vieillard vit de nouveau, durant la nuit, Juvénal qui se tenait debout dans un coin, dépouillé (peu vêtu) et se cachant tout honteux ; il était devenu tout noir comme celui qui allume une fournaise[3] et il était revêtu d’une ceinture[4] sale et pleine de pièces. Le vieillard lui dit en criant d’une voix forte : « Seigneur, chef des évêques, que t’arrive-t-il ? Que signifie cet habit[5] dont tu es revêtu ? » Celui-ci dit : « Que ferai-je pour mes péchés ? voici que tu vois ma honte ; je rassemble beaucoup d’or pour l’Antéchrist, parce qu’il est sur le point d’entrer en lutte avec la poussière. » Quand le vieillard s’éveilla, il fut stupéfait de sa vision et pensa que, dans ce concile, il n’arriverait rien

  1. ἐξορία.
  2. M place ici le ch. xxi.
  3. ϰάμινος, c’est-à-dire « comme un charbonnier ».
  4. περίζωμα.
  5. σχῆμα.