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JEAN RUFUS. PLÉROPHORIES.



nastères situés aux environs de la ville sainte et de visiter, suivant un ancien usage, ceux qui s’y appliquaient à la perfection, il alla trouver aussi un vieillard, un de ces anciens et grands ascètes qui sont proches de Dieu.

Quand celui-ci sut qu’il approchait, il ferma la porte de sa cellule, et, après avoir poussé le verrou, il resta tranquille à l’intérieur. Quand donc Juvénal fut arrivé et que la foule des clercs et des citadins qui l’accompagnaient, frappaient à la porte, il n’ouvrit pas ; et comme ceux-ci persistaient et menaçaient ou d’escalader le mur ou de briser la porte, le vieillard se mit à crier : « Va t’en loin de moi, Antéchrist, je ne laisse pas l’Antéchrist entrer dans ma cellule, le traître Judas n’entrera pas ici. » Et il disait beaucoup d’autres paroles analogues.

Comme ceux qui étaient avec Juvénal se fâchaient et qu’en même temps ils rougissaient de ce qui était dit, Juvénal leur dit : « Laissez-le, il a perdu l’esprit ; une vie cénobitique trop longue lui a, en effet, desséché le cerveau et il ne sait plus ce qu’il dit. » Ceci fut publié à haute voix dans toute la ville et dans ses environs et tous ceux qui l’entendirent prenaient garde pour voir ce qui adviendrait ; car ils savaient que ce vieillard était un homme saint et un ami de Dieu, rempli de la grâce de l’Esprit (saint) et qui ne disait rien en vain.