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JEAN RUFUS. — PLÉROPHORIES. APPENDICE.

monastère au pays de Palestine[1] et il fut moine : et Dieu le choisit et il fut patriarche (πατριάρχης) d’Antioche.

XCVIII. Sur Théodose le Jeune et les moines (cf. ch. xxxv).

1. C’est Nestorius qui a demandé à l’empereur de convoquer un concile pour prononcer entre lui et Cyrille ; il avait en effet été déposé par saint Célestin s’il ne rétractait pas ses erreurs dans le court délai de dix jours, et saint Cyrille était chargé de l’exécution de la sentence. C’est donc lui qui avait intérêt à porter sa cause, déjà condamnée par le pape, devant une assemblée d’évêques. Il ne s’ensuit pas cependant que l’histoire du chap. xxxv, qui nous donne une cause inédite de la convocation du concile d’Éphèse, soit nécessairement inexacte. Le moine Basile a pu demander, aussi bien que Nestorius, la convocation d’un concile, et vaincre les dernières hésitations de l’empereur.

2. Le pouvoir des moines sur l’esprit de l’empereur était considérable, car « il aimait beaucoup l’habit des moines », dit Nestorius (Le livre d’Héraclide de Damas, Paris, 1910, p. 241). Ceux-ci d’ailleurs étaient hostiles en général à Nestorius, les uns parce qu’ils le trouvaient trop rigide — ne voulait-il pas leur faire garder la clôture ! — et le grand nombre par tendre piété, parce qu’ils croyaient que Nestorius voulait enlever à la Vierge le titre de « Mère de Dieu » pour en faire seulement la mère d’un homme. Ils furent donc les meilleurs auxiliaires de Cyrille qui sut les utiliser en 431, dit Nestorius, pour forcer la main à l’empereur :

Ils firent des réunions de prêtres et des attroupements de moines… Ils avaient pour auxiliaires tous les eunuques de l’empereur qui scrutaient sa pensée et donnaient confiance aux autres. Comme l’empereur aimait beaucoup l’habit des moines, ils s’unirent tous dans une même volonté pour lui persuader qu’il n’y eût pas de jugement, mais que ce qui avait été fait contre moi sans examen demeurât. Et tous les moines s’accordaient en un même sentiment contre moi, eux qui, en tout le reste, étaient sans charité entre eux, envieux et enviés, surtout pour la gloire humaine. Ils se choisirent pour directeur et pour chef, afin de frapper l’empereur d’étonnement, l’archimandrite Dalmace, lequel, depuis de longues années, n’était pas sorti de son monastère. Une multitude de moines l’entourèrent au milieu de la ville et ils chantaient l’office, afin que toute la ville se réunît à eux pour aller près de l’empereur, afin de pouvoir empêcher sa volonté… Quand ces choses qu’ils avaient préparées contre moi furent accomplies, la troupe inique sortit du palais. Chacun répandait divers bruits:ils firent sortir Dalmace sur une litière garnie et couverte; des mules le portaient par le milieu des rues de la ville, pour que chacun sût qu’il avait vaincu la volonté de l’empereur… Tous les hérétiques, qui avaient été auparavant condamnés par moi, se joignirent à eux. Tous, d’une seule voix, criaient également mon anathème. Ils avaient l’audace de frapper des mains, sans rien dire autre que : « Dieu le Verbe est mort. » (Le livre d’Héraclide, p. 240-241, 246.)

  1. Il est inexact que l’on ait voulu faire de Sévère un archevêque avant son entrée au monastère ; il n’était pas même prêtre. À noter qu’il aurait eu alors trente ans.