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LXXXVIII. — SUR UN SOLITAIRE D’ANTIOCHE.



prenait ce qui lui était nécessaire et il gardait le superflu et il le donnait aux pauvres qui ordinairement venaient le trouver. Il servait ainsi de modèle au monde.

Lorsque j’appris ces faits relatifs à cet homme, j’eus le désir d’aller le trouver ; je craignais de n’être pas agréable à ce vieillard et de l’ennuyer par ma visite. Cependant, après avoir invoqué le Seigneur, je me rendis auprès de lui. Quand il me vit, il me reçut avec plaisir et il me regarda d’un visage[1] joyeux. J’avais devant les yeux un homme arrivé au milieu de la vieillesse, se tenant debout, maigre ; sa figure était sèche et émaciée par le deuil, les larmes et la vie ascétique. Comme je trouvai grâce près de lui, je lui demandai : Puisque tu aimes la vie ascétique, pourquoi ne vas-tu pas plutôt[2] dans un désert ou dans un monastère[3] ? Et pourquoi restes-tu dans une ville comme celle-ci, splendide et magnifique, et te fais-tu une demeure sur une place publique et dans une température[4] défavorable ? — Il étendit silencieusement sa main droite vers le ciel, en faisant connaître par ce signe : Dieu me l’a ordonné. — Comme je lui disais : Pour quel motif pleures-tu ? — il ne me répondit pas. J’osai lui dire J’ai pensé que l’époque de la fin approchait et que tu nous avais été envoyé en témoignage pour

  1. πρόσωπον.
  2. μᾶλλον.
  3. ϰοινόϐιον.
  4. ἀήρες.