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JEAN RUFUS — PLÉROPHORIES.



LXXXVIII. — Dans Antioche la grande, il arriva le fait suivant que j’ai vu ; comme je l’ai connu par moi-même, j’ai cru nécessaire de l’ajouter aux traits rapportés ci-dessus, pour augmenter la foi et la conviction[1] d’un grand nombre.

Il y a dans cette ville un palais[2] impérial qui ne le cède en rien, disent ceux qui l’ont vu, ni en beauté, ni en grandeur, ni en toute autre splendeur, à ceux de Rome et de Constantinople ; il était alors fermé parce qu’il ne servait pas, et il était seulement gardé pour le cas où l’empereur viendrait par hasard dans ces lieux. Près de la grande porte qui était complètement en dehors et fermée comme je l’ai dit, vint un homme vêtu de l’habit[3] ordinaire de la classe du peuple ; il se fabriqua sous cette porte une petite tente et il y habitait été et hiver dans le froid et la nudité, car il n’avait qu’une tunique ; il gardait le silence et il ne disait pas un mot : pendant de nombreuses années il demeura auprès de cette porte, occupé à prier dans les gémissements et les larmes. Il ne voulait jamais accepter rien de personne, ni or, ni argent, ni même des pièces[4] de bronze, mais un foulon son voisin, qui avait là son atelier, lui portait sur le soir un peu de pain, un plat d’herbes ou de légumes et de l’eau ; il

  1. πληροφορία.
  2. palatium.
  3. σχῆμα.
  4. Nummi.