Page:Rudder - Anton Bruckner.pdf/4

Cette page a été validée par deux contributeurs.
ANTON BRUCKNER
(1824-1896)
(Suite. — Voir le dernier numéro)

En 1877, Bruckner avait achevé sa Troisième Symphonie en mineur (éd. Rättig. tienne), et ce lui fut une grande joie d’apprendre que le maître de Bayreuth acceptait la dédicace de la nouvelle œuvre. Wagner l’appréciait hautement, et le grand thème éclatant et héroïque des trompettes, dans la première partie, avait produit sur lui une profonde impression. Bruckner dirigea lui-même la première exécution de la Troisième Symphonie à Vienne, à la fin de 1877. Celle-ci, comme la Deuxième Symphonie, n’eut que peu de succès ; pas davantage non plus elle ne trouva grâce devant la critique acerbe et partiale de Hanslick, et la plupart des musiciens crurent prudent de montrer, vis-à-vis de la nouvelle œuvre, la plus grande réserve.

Mais Bruckner ne se découragea plus désormais ; déjà, il menait de front deux nouvelles symphonies, la Quatrième en mi bémol majeur (la Symphonie romantique) (éd. Gutmann. Vienne), remaniée plus d’une fois et achevée en 1880, et la Cinquième Symphonie en si bémol majeur (éd. Doblinger. Vienne), terminée déjà en 1878. Hans Richter, qui, jusqu’alors, s’était plutôt montré réservé à l’égard du compositeur, se décida enfin en sa faveur et dirigea la première exécution de la Quatrième Symphonie à Vienne en 1881. En 1888, elle fut jouée à Munich, et le grand poète allemand Paul Heyse, transporté, écrivit à l’auteur, après l’audition, une lettre aussi flatteuse qu’enthousiaste, dans laquelle il déclarait que l’œuvre maîtresse qu’il venait d’entendre lui était apparue comme une des plus belles manifestations du génie musical. Il souhaitait en même temps en voir rayonner la grande et belle influence bien au delà de Munich.

La Cinquième Symphonie ne fut jouée qu’en 1894 à Graz, sous la direction de Franz Schalk, et à Vienne pour la première fois seulement en 1898, vingt ans après son achèvement. C’est Ferdinand Löwe, l’un des plus vaillants propulseurs de l’œuvre de Bruckner, qui la conduisit.

En 1879 parut le Quintette pour instruments à cordes (éd. Gutmann. Vienne), la seule œuvre importante que Bruckner ait écrite pour la musique de chambre ; puis, en 1881, la Sixième Symphonie en la majeur