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ANTON BRUCKNER
(1824-1896)

À Ansfelden, près de Linz (Haute-Autriche), naquit, le 4 septembre 1824, Anton Bruckner[1], le digne et génial émule de Brahms dans la symphonie contemporaine. Toute sa vie ne fut qu’une lutte incessante et patiemment supportée contre les difficultés de la vie matérielle d’abord et, plus tard — celle-ci fut la plus mauvaise, — contre ceux qui voulaient dénigrer et anéantir son œuvre.

Il était, comme Franz Schubert, fils d’un instituteur. L’insouciante et gaie jeunesse ne fut pas longue pour lui ; il perdit son père en 1836. Le jeune Anton avait alors douze ans ; il était l’aîné d’une nombreuse famille, qui ne comptait pas moins de douze enfants. Aimant passionnément la musique, ce fut auprès d’elle qu’il se réfugia dans son grand malheur ; l’enfant, ayant une jolie voix, fut admis comme chanteur à la chapelle du couvent Saint-Florian, où il resta pendant quatre années. Mais, devant alors songer à une situation meilleure qui lui permît de mieux aider sa pauvre famille, il se rendit à Linz pour y faire ses études d’instituteur. En 1841, il s’installa au petit village de Windhag comme sous-instituteur à raison de deux florins par mois. Pauvre maître ! Qu’on juge de sa situation ! La musique, sa chère compagne, vint de nouveau à son aide. Aux jours de fête, de kermesse, aux noces villageoises, Bruckner empoignait un méchant violon et, aux sons de l’instrument, faisait danser paysans et paysannes. Et lui, qui leur procurait ainsi tant de joie, n’en avait cependant que peu de reconnaissance ; non pas qu’il y eût hostilité à son égard, mais c’était un esprit supérieur, qui demeura incompris de cette masse ignorante. Quand, à l’église, il improvisait à l’orgue et développait à l’infini un thème choral se perdant et se développant en d’incessantes variations, les bons villageois

  1. FRANZ BRUNNER. — Bruckner’s Lebensbild, Linz, Verlag des oberösterreichschen Volksbildungsvereins.

    Professor H. RIETSCH. — Reimers Jahrbuch und Necrolog, 1897.

    KARL HRUBY. — Meine Errinnerungen an Anton Bruckner, 1901. Er. Schalk Verlag, Wien.

    Les huit symphonies complètes. Réduction pour piano à quatre mains par F. LÖWE et J. et F. SCHALK ; à deux mains par AUGUST STRADAL.