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§. IV. Des temps favorables pour semer ou planter des pleins bois. (Voyez Rozier, art. Forêts.).

§. V. Espacement des plants et des graines dans la plantation des pleins bois. La qualité du sol et l’aménagement que l’on se propose d’adopter pour les bois plantés doivent déterminer le nombre des plants qu’il faut y planter. Il est cependant nécessaire d’en planter ou d’en semer un plus grand nombre que cette combinaison ne l’exige, parce que, particulièrement dans les plantations économiques, les plants ou les graines sont exposés à bien des accidens qui empêchent de reprendre beaucoup de plants, ou de prospérer beaucoup de graines,

Si, d’ailleurs, les plantations présentoient trop de plants par la suite, il sera facile de les éclaircir, à moins qu’on ne veuille laisser ce soin à la nature,

1°. Espacement des plants dans la plantation des futaies. Les plantations en futaies ne doivent être confiées qu’aux meilleurs terrains, ainsi que nous l’avons déjà dit.

Les arbres en seront plantés à haute tige, par rangées éloignées de douze pieds les unes des autres, et ils seront espacés également de douze pieds sur chaque rangée.

Si le terrain à planter est frais, quoique profond, on plantera la futaie moitié en chênes et moitié en frênes. Dans ce cas, on placera les chênes sur un rang, et les frênes sur l’autre, alternativement. Les rangées seront tracées à douze pieds de distance les unes des autres, et les arbres espacée à dix pieds seulement sur chaque rangée. On entretiendra ces arbres, et on formera leur tige, comme il sera dit ci-après pour les arbres plantés isolément, et on remplacera soigneusement, pendant les cinq premières années, les arbres de cette plantation qui viendroient à périr.

On trouvera un avantage particulier dans cette manière de planter une futaie ; à cinquante ou soixante-dix ans, suivant la bonté du terrain, les frênes auront acquis assez de grosseur pour être employés très-utilement dans le charronnage. On les coupera donc alors, et leur absence sera pour les chênes restans un véritable éclaircissement.

Si le terrain à planter se trouvoit léger, il faudroit substituer le pin ou le hêtre au frêne, et conduire, d’ailleurs, la plantation comme nous venons de le prescrire.

Si on veut planter cette futaie en plants enracinés, on espacera les rangées à dix pieds, et les plants à six pieds. Enfin, si l’on veut semer cette futaie, on espacera les rangées à dix pieds, et les graines à six pouces.

Dans ces deux derniers cas, on cultivera les plants ou les semis à bras d’hommes. Les intervalles seront labourés à la charrue ; et si, dans ces intervalles, on sème des grains pendant les premières années, le succès de la plantation sera plus assuré.

De ces trois manières de planter une futaie, la première est sans doute la plus dispendieuse ; mais elle promet la jouissance la plus prompte. Cependant les arbres de cette futaie ne pouvant pas pivoter, ne pousseront que des racines horizontales. Ainsi, malgré l’espacement avantageux que nous avons donné à ces arbres, leurs racines se rapprocheront les unes des autres, en avançant en âge, et finiront même par s’entrelacer ; ce qui abrégera leur longévité.

La seconde manière est moins dispendieuse, mais la maturité des arbres qu’elle produira sera plus tardive. Elle présente aussi le même inconvénient que la première manière de planter une futaie, parce que les arbres n’y pivoteront pas.

Enfin, la troisième manière de planter une futaie est celle qui exige le moins de dépenses ; mais elle donne une jouissance encore plus tardive que la seconde.