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de la combustion ; c’est elle enfin qui s’oppose à ce que le combustible se réduise en cendre aussi promptement qu’il l’est dans tous les fourneaux dont les courans ne sont pas limités.

Combien, à l’air libre, ne faudroit-il pas de combustible pour produire les mêmes effets que ceux qu’on produiroit dans un fourneau, quelque mauvais qu’il fût ?

Là, le facile accès de l’air et le courant qui s’établiroit sur tous les points du foyer, modifieroient constamment la chaleur et la combustion. On ne pourroit donc, dans une semblable circonstance, élever la température qu’aux dépens d’une quantité considérable de combustible. Eh bien ! nos fourneaux à courant d’air rapide sont précisément des constructions où on ne peut élever la température qu’aux dépens de beaucoup de combustible.

Il en est de même de nos cheminées dont les tuyaux sont perpendiculaires à leurs foyers ; plus on y fait de feu, et plus, dans un instant donné, l’air de dehors a d’accès dans ce foyer ; circonstance qui concourt constamment à refroidir nos appartemens. C’est donc ce déplacement successif d’un air chaud par un air froid qui empêche la chaleur de s’accumuler dans nos habitations ; c’est donc cette cause qui nécessite que nous brûlions beaucoup de bois, et qui nous empêche de conserver la chaleur dans l’intérieur de nos appartemens.

Comme ces sortes de constructions doivent avoir de larges ouvertures pour que leurs foyers nous transmettent la chaleur rayonnante, et pour nous faire jouir de l’agrément de voir le feu, elles ne peuvent se prêter aussi facilement que les fourneaux à faire rétrograder le courant d’air.

Cependant, comme il importoit à l’économie domestique de lui procurer les moyens d’obtenir plus de chaleur avec moins de combustible, qu’on en obtient ordinairement avec beaucoup, j’ai cherché, d’après les principes que je viens de développer, à faire rétrograder le courant d’air de nos cheminées, et à le faire circuler dans des corps qui puissent facilement transmettre le calorique dans l’intérieur des appartemens. De cette manière, je suis parvenu à économiser les trois quarts du combustible, et à faire tourner au profit de nos habitations, la presque totalité de la chaleur résultante d’une combustion quelconque.

J’ai ensuite appliqué le même principe aux poêles, et les divers systèmes de circulation que j’ai établis dans une seule colonne, produisent autant d’effet qu’on en obtiendrait avec deux poêles de même dimension, et qui consommeroient chacun le double de combustible.

On voit combien l’application d’un principe va avoir d’influence sur la perfection de toutes nos constructions pyrotechniques, et combien elle va porter loin l’économie du combustible.

La théorie que je viens d’établir peut acquérir une nouvelle force de démonstration, en faisant connoître ici les résultats de diverses expériences que j’ai faites, en présence des autorités constituées du département de la Seine, avec des poêles et des cheminées construites d’après mes principes.

Le samedi 6 pluviôse an 13, à six heures du matin, un thermomètre de Chevalier, division de Réaumur, placé en dehors d’une des croisées de la chambre où se faisoient mes expériences, étoit à trois degrés et demi au dessous de glace, et ceux de l’intérieur de l’appartement étoient à six degrés au dessus de zéro. Je pesai vingt-cinq livres de bois neuf passablement sec ; la longueur de chaque morceau étoit de treize à quatorze pouces ; il y en avoit vingt morceaux.