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Guidé par cette simple observation, j’ai cherché à en faire l’application aux fourneaux d’évaporation, et par suite à toutes les autres espèces de constructions pyrotechniques. Les nombreux avantages que j’en ai obtenus ont confirmé la théorie que j’avois établie. Mais il me restoit encore beaucoup à faire pour empêcher que la chaleur produite ne se bornât pas à une première action ; celle sur-tout que le courant d’air entraîné par les cheminées dut particulièrement fixer mon attention ; car on doit être effrayé de l’immense quantité de combustible qu’il faut brûler en pure perte, pour entretenir à une température aussi élevée un courant d’air dont on peut à peine calculer la rapidité.

La condition du problème à résoudre étoit donc de n’évacuer le courant d’air, que nécessite une combustion quelconque, qu’après lui avoir enlevé une partie du calorique dont il s’est imprégné en traversant le foyer où s’opère la combustion ; ce qui alors devoit réduire cette perte indispensable à son minimum, et procurer, par cela seul, une économie de combustible qu’aucune construction de ce genre n’avoit encore offerte.

Pour arriver à ce but, on conçoit combien d’obstacles durent d’abord s’opposer au succès que je me projettois d’obtenir ; car la rapidité avec laquelle s’échappe un courant d’air chaud, lui laisse à peine le temps de déposer son calorique dans l’intérieur du fourneau où s’opère la combustion.

Ce fut le fourneau à réverbère, tel qu’il sert dans nos laboratoires, qui me parut fournir l’exemple le plus remarquable des défauts qu’ont presque tous les fourneaux de cette espèce, celui de perdre une chaleur presqu’égale à celle du foyer. Je conviens cependant qu’il est des opérations où il n’en peut être autrement ; mais alors cette perte doit être limitée tandis que dans le cas dont je parle, elle ne l’est pas.

Il ne faut pas déduire, de ce que je viens d’avancer, que la rapidité avec laquelle s’opère une combustion quelconque ne soit pas une des causes qui concourent à augmenter son énergie ; c’est même en accélérant l’introduction de l’air extérieur dans le foyer, qu’on augmente l’intensité de la chaleur, et qu’on détermine la combustion la plus prompte et la plus complète. Mais est-il nécessaire que la cheminée soit perpendiculaire au foyer pour augmenter l’énergie de la combustion ? Je dis affirmativement, non. Il faut au contraire, à mesure que la chaleur s’élève dans l’intérieur d’un fourneau, faire rétrograder le courant d’air que transmet au dehors la cheminée ; par ce moyen, on accumule le calorique dans la voûte du fourneau, l’air incandescent y est refoulé, il y circule ; ce qui donne le temps au calorique d’exercer son action sur les corps qu’on y soumet.

Que l’on calcule la quantité de bois que brûlera un fourneau dont la cheminée sera perpendiculaire au foyer, avec celle que consommera celui dont la cheminée rendra le courant d’air rétrograde ; certainement l’économie de combustible que procurera cette dernière sera de plus de moitié, et les effets cependant auront été les mêmes.

Voici ce qui arrive dans l’un et l’autre cas : dans le premier, la température ne peut être soutenue qu’à la faveur de beaucoup de combustible, puisqu’à mesure que la chaleur est développée, elle est aussitôt emportée par le courant d’air dont la rapidité est presque incalculable.

Dans le second cas, le courant d’air qu’on a forcé à être rétrograde, établit une pression qui se fait sentir dans tout l’intérieur du fourneau ; c’est cette pression qui concentre et qui accumule le calorique, c’est elle qui règle l’énergie