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recueilleroit la matière et on l’inoculeroit sans altération.

Dans tous les cas, il nous paroît important que dans cette expérience les inoculateurs rapportent dans leur récit, le caractère des eaux aux jambes inoculées, ou qu’ils en essaient l’inoculation dans tous les états ; c’est-à-dire la matière étant séreuse, purulente ou sanieuse, suintant des poils, étant répandue sur la peau, ou encore contenue dans les boutons. Ce n’est qu’après avoir marqué ces distinctions, que l’on pourra s’entendre.

Contre-épreuves. L’inspection seule des boutons vaccins est encore insuffisante aujourd’hui pour faire reconnoître la vraie vaccine. Il faut, après avoir vacciné beaucoup de moutons, leur inoculer le claveau ; on les mêlera à un troupeau de claveleux ; alors il ne restera plus de doute, et les incertitudes qui peuvent rester encore seront dissipées.

M. Moutonnet, vétérinaire à Bourneville, département de Seine et Marne, a inoculé en l’an 9 la vaccine à quatre béliers mérinos ; les boutons vaccins se sont bien développés ; mais le grand prix des animaux a empêché de les soumettre à une contre-épreuve.

M. Godine jeune, n’ayant point de matière du claveau, a fait ses contre-épreuves avec la matière fournie par des boutons d’une brebis sur laquelle il avoit inoculé la petite vérole humaine. Le virus fut sans action sur les animaux vaccinés, tandis que d’autres qui ne l’avoient point été et auxquels il inocula en même temps la petite vérole, furent attaqués du claveau.

Une des brebis vaccinées par M. Chaumontel, professeur, Soulard et Langlois, répétiteurs de l’École, appartenant à M. Ganeron, cultivateur à Malnoue, département de Seine et Oise, fut mise chez M. Laclef, cultivateur à Ferrière, dans son troupeau affecté du claveau. Trois moutons claveleux moururent à côté d’elle. On l’a retirée intacte au bout de sept mois.

Les moutons de M. Dupuis, cultivateur à la ferme de Sceaux, ayant été vaccinés, l’on a vu s’arrêter la mortalité que le claveau causoit dans son troupeau.

M. Godine jeune, rapporte qu’un particulier des environs de Nangis, département de Seine et Marne, a vacciné soixante moutons de son troupeau, composé de trois cents bêtes ; que le claveau s’est développé dans sa bergerie, et qu’il a respecté les soixante vaccines.

M. Deschamps, vétérinaire à Evreux, département de l’Eure, nous écrit qu’il a fait des contre-épreuves multipliées, et qu’il atteste l’efficacité de la vaccination comme préservatif du claveau.

Conclusion. Quoique l’on ait déjà des résultats semblables à diverses époques, dans divers lieux, sur des sujets d’âge différent, il faut encore multiplier les observations et les expériences pour constater, 1°. si la vaccine de la vache ou cowpox, est l’espèce varioleuse dont les vaches sont susceptibles.

2°. Si les eaux aux jambes des chevaux, que l’on aura soin de décrire, inoculées à la vache, au mouton, à l’homme, etc., font réellement naître la vaccine, le claveau, la petite vérole, etc.

3°. Si sur-tout, comme cela paroît se confirmer, la vaccine humaine inoculée au mouton, le préserve du claveau.

4° Si la vaccine inoculée au cheval le préservoit de la gourme, et le dindon de sa variole, appelée dindonnade.

5°. De quel secours pourroit être cette inoculation aux autres animaux, suivant le docteur Decarro[1]. M. Coleman, professeur au collège vétérinaire de Londres ; MM. Ingenhouse, Woodville et Hunter n’ont jamais pu inoculer la petite vérole à des singes, à des chiens, à des vaches, à des lapins.

Les propriétaires d’animaux peuvent les vacciner eux-mêmes ; l’opération est assez facile, ainsi que nous l’avons indiqué. Ceux qui en ont l’occasion ne doivent point mettre en comparaison un léger sacrifice, avec les avantages considérables qui résulteroient de l’application de la découverte de M. Jenner aux animaux, qui font une partie importante

  1. Observations sur la vaccine, page 34.