Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/630

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’engagent dans le filet qui est tendu. Si on veut les attirer dans des chambres vides, on ne laisse que deux fenêtres ouvertes, l’une desquelles est garnie d’un filet en rideau et qui bourse beaucoup, l’autre est entièrement libre ; on jette quelques graines au bord, et l’on dispose un volet ou un châssis, qu’on puisse fermer au moyen d’une corde, ou de quelque autre invention qu’on fait jouer d’une pièce voisine ; par exemple, on peut adapter, au haut de la croisée, un volet mobile, qui se relève à l’aide d’une poulie contre le plafond de la chambre, et qu’on laisse retomber au moment convenable. (S.)


TESE ou TAISE, espèce de chasse qui se pratique en Provence pour prendre les petits oiseaux, et sur-tout les becfigues. On forme des haies de fusain et autres arbrisseaux, dont le fruit attire les oisillons ; on garnit avec un filet très-fin un côté de ces haies, et on les côtoie doucement, en frappant légèrement sur un morceau de bois ; les oiseaux fuient de branche en branche ; et, lorsqu’ils approchent du filet, on fait plus de bruit pour les déterminer à s’y jeter. (S.)


TIRASSE, (Chasse.) Consultez l’article Caille. (S)


TOILES, (Économie rurale et domestique.) Nouveau procédé pour doubler la durée des toiles à voile, des cordages pour la marine, des filets pour la pêche, etc. On sait que les substances végétales, exposées à l’action alternative ou réunie de l’air et de l’eau, finissent bientôt par éprouver des altérations sensibles, et qu’elles ne tardent pas ensuite à se détruire : c’est pour prévenir en partie ces inconvéniens, qu’on goudronne les cordages pour la marine, et qu’on enduit de vernis les toiles dont on n’a pas besoin de conserver la souplesse : mais il n’en est pas de même de celles qui doivent avoir la flexibilité et la légèreté nécessaires aux usages auxquels on les destine ; par exemple, les toiles à voiles pour la marine, celles à l’usage des tentes pour les armées, celles qui sont fixées aux ailes des moulins à vent, enfin les filets pour la pêche, ne peuvent recevoir aucune préparation, d’après les procédés ordinaires, sans plus ou moins changer leurs propriétés physiques. Cependant l’avantage qu’il y auroit à augmenter la durée des substances végétales tissées, eu égard à la grande consommation qui s’en fait depuis quelques années, auroit bien dû fixer l’attention du gouvernement, et l’engager à mettre sous les yeux des chimistes la nécessité de trouver un moyen d’augmenter la durée des toiles servant à la marine et aux armées, mais avec la condition de ne rien changer à leurs propriétés physiques : sa demande certainement auroit provoqué la découverte de ce procédé, et son application auroit déjà procuré au trésor public une économie de plusieurs millions : cependant, comme il est toujours utile de revenir sur tout ce qui peut intéresser le gouvernement et la société, j’ai cru entrer dans ses vues, en me livrant à la recherche d’un procédé qui pût remplir les conditions proposées.

Je ne citerai ici aucune des expériences infructueuses que j’ai faites, je me bornerai seulement à décrire le procédé qui m’a réussi, et d’après lequel je suis parvenu à doubler et au delà la durée des toiles que j’avois soumises à mes expériences, et qui étoient comparées avec celles qui n’avoient subi aucune préparation.

Procédé. On prendra cent kilogrammes de colle fraîche de tanneur[1], qu’on fera dissoudre dans le double de son poids d’eau ; lorsque la dissolution sera achevée, (ce qui n’a lieu ordinairement qu’après une longue ébullition) on l’écumera en observant que la quantité d’eau évaporée pendant l’opération soit remplacée par une égale quantité, afin

  1. Si elle étoit sèche, trente kilogrammes suffiroient ; plus, l’eau nécessaire pour avoir une dissolution de trois cents kilogrammes. Si on vouloit se servir de la colle ordinaire, vingt-cinq kilogrammes suffiroient, parce que dans cet état elle est pure ; mais alors l’opération reviendroit plus cher.