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tourne les filets qui, en trempant vingt quatre heures, prennent une teinte brune. Les filets verts, nécessaires pour la chasse aux oiseaux, doivent être de fil teint chez le teinturier, autant que possible. On supplée passablement à cette teinture, dans un cas de nécessité, en prenant du blé vert qu’on hache et pile en bouillie dans laquelle on trempe les filets, en les saturant bien de la partie colorante.

On recommande de ne pas laisser entasser les filets mouillés, mais de les étendre et les faire sécher. On doit les laver aussi quand ils ont servi, sur-tout ceux de pêche. On les tiendra renfermés dans un endroit sec, en les isolant, le plus possible, des lieux qui pourroient donner aux rats et souris la facilité de les approcher.

Le soin qu’on ne doit non plus jamais omettre, est celui de les rhabiller ou ramender, comme disent quelques laceurs. Ce raccommodage les entretient ; il est souvent indispensable pour leur service, qui manqueroit si le filet étoit troué ; enfin, il empêche les trous de s’agrandir, et le filet de se détruire entièrement. S’il ne manque qu’une jambe à une maille, il n’est pas difficile d’en substituer une nouvelle. Si plusieurs mailles sont emportées, il faut, pour réparer la solution de continuité, agrandir d’ordinaire le trou, en coupant les déchirures, et rendant l’ouverture carrée. C’est souvent dans ce cas que le nœud sur le pouce est nécessaire, sur-tout lorsque l’on travaille sur un grand filet, qu’on est obligé d’étendre par terre ou sur une table ; mais on peut aussi rhabiller avec l’autre nœud. Ce qu’on doit se proposer, est de former des mailles bien égales à celles qui existent. Les laceurs expérimentés les forment sur leurs doigts, en prenant la mesure des anciennes. Le fil dont l’aiguille est chargée, étant attaché à l’un des angles du trou, on forme les nœuds des mailles nouvelles sur les nœuds des dernières mailles. Les deux mailles extrêmes du nouveau rang, s’attachent par une simple jambe, sur les côtés du trou. On le remplit d’autant de rangs qu’il est nécessaire, en allant de gauche à droite, et revenant de droite à gauche, parce que souvent il n’est pas possible de retourner le filet. Lorsqu’on a assez de mailles pour fermer le trou par en-bas, on joint ces nouvelles mailles aux anciennes par des jambes qui iront alternativement, en montant et en descendant, des mailles neuves au nœud des mailles anciennes. Les gens du métier conviennent, au reste, que c’est un talent très difficile à acquérir, que celui de rhabiller avec une précision telle qu’il soit difficile de distinguer ensuite l’endroit raccommodé. C’est dans cette partie, le comble de l’art : mais je crois en avoir dit assez pour les usages et les besoins ordinaires. (S.)



FILETS À RESSORT, de l’invention de M. Clavaux. La méfiance naturelle à plusieurs espèces d’animaux nuisibles, et qui est chez eux l’instinct de leur conservation, rend souvent inutiles un grand nombre de pièges subtils et sûrs, d’ailleurs, quant au mécanisme de leur jeu, mais dont l’appareil trop sensible sert d’avertissement à l’ennemi contre lequel ils sont préparés. M. Clavaux, à qui je dois déjà plusieurs renseignemens précieux, frappé de cet inconvénient, s’est occupé des moyens de le corriger ; et ses recherches l’ont conduit à imaginer que des filets montés sur des châssis, qui seroient couchés à plate terre, ainsi que le sont les nappes d’alouettes, et qui pourroient se relever au moyen d’un ressort appliqué à ces châssis, donneroient l’espèce de piège la moins saillante, la moins sensible de toutes, et échapperoient, autant que possible, à la curieuse inquiétude du gibier. Voici, en