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semées dans un pot, mais pas suffisante pour occuper une caisse

Ce semis ne diffère en rien de celui qui se pratique dans des caisses. C’est la nature de la plante qui doit déterminer celle de la terre qui lui convient, de la situation, de l’exposition et de la culture qu’il est utile de lui donner.

En pots. Les semis en pots conviennent à de petites quantités de graines de plantes de climats étrangers, et d’une température plus chaude que celle du pays dans lequel on les fait. C’est particulièrement chez les cultivateurs de plantes étrangères et dans les jardins de botanique qu’on pratique ce genre de culture. On les exécute une grande partie de l’année, mais plus particulièrement, et en très-grande quantité au printemps. Le moment le plus favorable est celui où les bourgeons du tilleul commencent à s’ouvrir, et à laisser voir les premières feuilles.

Cette opération, l’une des plus importantes pour la tenue et l’augmentation des richesses végétales d’un jardin de botanique, mérite quelques développemens.

Un jardinier soigneux et prévoyant n’attend pas le moment des semis pour faire toutes les dispositions préliminaires qui doivent assurer la réussite de son opération ; elles consistent :

1°. À éplucher la partie des graines qu’il veut semer, et les séparer des calices, capsules, siliques, gousses, baies, pommes, cônes, etc., qui les renferment ;

2°. À les ranger dans l’ordre méthodique où il veut les semer ; l’ordre du jardin auquel sont destinés les semis doit être préféré à tout autre ;

3°. À faire le catalogue de ces semences avec des numéros en marge, qui doivent être relatifs à ceux des étiquettes qu’il doit placer sur les pots à fur et à mesure qu’il les sème ;

4°. À disposer ses numéros dans une série numérique non interrompue, afin qu’il ne commette pas de quiproquo nuisible à l’exactitude de la nomenclature de ses plantes ;

5°. À préparer les diverses terres dont il prévoit avoir besoin pour effectuer ses semis. Il faut qu’il se précautionne de cet objet essentiel long-temps, plusieurs années même auparavant, parce que les terres composées sont d’autant meilleures, qu’elles ont été préparées plus anciennement ;

6°. À rassembler le nombre, la qualité et les diverses grandeurs de pots nécessaires aux semis.

7°. À tamiser les diverses compositions de terres qui lui sont nécessaires pour recouvrir les diverses espèces de graines, après qu’il les aura répandues sur la surface de la terre de ses vases ;

8°. À construire des couches sourdes, des couches chaudes, préparer des châssis, et raviver la chaleur de ses couches de tan, pour y placer les pots de semis des plantes des climats chauds qui exigent d’être protégées par la chaleur de ces diverses sortes de couches ;

9°. Et enfin, à préparer des vases remplis d’eau pour y placer, à différentes profondeurs, les semis qui exigent d’être imbibés ou d’être submergés.

Toutes choses ainsi disposées, et le moment favorable pour semer étant venu, on doit y procéder sans interruption. Le semeur se place dans un lieu renfermé, à l’abri du vent et de la pluie ; il a autour de lui les pots qui doivent recevoir ses semis ; sur une table placée à hauteur d’appui, se trouvent amoncelées les diverses sortes de terres qu’il doit employer à recouvrir les semences, après les avoir répandues sur la surface de la terre, dont sont remplis les pots ; à côté de lui est le tiroir où sont rangés les sachets de graines qu’il doit semer, et en face se trouve le catalogue de ces mêmes graines avec leurs numéros en marge ; sur le côté, se trouvent les étiquettes numérotées et rangées par dizaines : une certaine quantité de pots remplis de terre à semis, et de différentes grandeurs, se trouvent à peu de distance de lui.

Il commence son opération par prendre le premier sachet de graines ; il en tire la quantité de semences qu’il veut semer, et la répand le plus également possible sur la surface bien unie de la terre du pot qu’il a choisi ; ensuite, il y place l’étiquette numérotée, après s’être assuré que ce numéro est en rapport avec celui du catalogue qu’il a sous les yeux ; après cela, il recouvre sa graine avec la terre qui lui convient, et de l’épaisseur qui est nécessaire à sa prompte germination ; il la bat légèrement ensuite avec le dos de la main, et l’opération est finie.

Mais, pour distinguer les pots qui doivent être placés sur différentes couches, sous des châssis et aux différentes expositions qui conviennent à la réussite des semences qu’ils renferment, il les marque par des signes de convention avec ses ouvriers, afin qu’ils les placent aux diverses positions où ils doivent être cultivés.

Ces vases, nouvellement semés, doivent