Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/533

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on lui donnera cinq à six breuvages et cinq à six lavemens émolliens par jour. (Voyez Émolliens.) On ne le saignera qu’autant que la fièvre sera forte et que la chaleur extérieure sera très-grande ; alors on ajoutera à chaque breuvage prescrit un gros de camphre que l’on aura fait dissoudre dans un jaune d’œuf ; mais l’emploi de ce moyen est rarement nécessaire.

On lotionnera les mamelles, le dessous du ventre, les cuisses et les extrémités avec l’eau de son chaude, et l’on tiendra l’animal couvert ; on l’étrillera et on le brossera trois ou quatre fois par jour ; on le promènera, et lorsque la rumination sera rétablie, on lui permettra de manger du son frisé sur lequel on aura saupoudré une ou deux onces de sel commun.

Lorsque les pustules seront dans l’exsiccation, on brossera fortement les parties qui en sont affectées ; on continuera le même traitement, en augmentant peu à peu la nourriture, et on ne regardera l’animal comme guéri que lorsque la peau sera souple, qu’elle fournira beaucoup de crasse et que le lait sera rétabli dans sa quantité accoutumée. Quant à l’engorgement des extrémités, les lotions d’eau de son, l’action réitérée de la brosse, et la promenade y auront bientôt mis fin. (Ch. et Fr.)


RAFLE, (Pêche.) Les pêcheurs donnent, en quelques endroits, le nom de rafle à une louve ou verveux double dont les deux bouts sont garnis d’une grande coiffe d’où part de chaque côté une aile ou longue bande de filet, tendue obliquement de la louve au rivage, et assujettie par des piquets. Si l’on ajuste ces ailes à chaque extrémité de la louve que l’on aura placée au milieu d’une nappe d’eau courante ou stagnante, l’on conçoit que tout le poisson, soit qu’il remonte ou qu’il descende, est obligé de les suivre et d’entrer dans le filet. De là vient la dénomination de rafle que porte cet instrument de pêche. (S.)


RAFLE, (Chasse aux oiseaux, ) filet décrit à l’article Grive. (S.)


RAGOT, (Vénerie.) C’est ainsi que l’on appelle un jeune sanglier dans sa troisième année. (S.)


RAISINÉ. Ce nom convient particulièrement à une espèce de marmelade assez agréable, qu’on prépare dans tous les cantons vignobles avec le suc, la pulpe et la peau des raisins non fermentés, les plus mûrs, les plus sucrés et les plus parfumés. On y ajoute souvent différens fruits, des racines potagères et des aromates, mais jamais, du moins au midi de l’Europe, de miel et de sucre ; ces deux condimens qui, comme on sait, constituent toutes les autres confitures, sont remplacés dans ces contrées par le mucoso-sucré des raisins eux-mêmes qui, dans les pays chauds et dans les années sèches, sont abondamment pourvus de ce principe.

On présume bien que la préparation du raisiné doit être aussi ancienne que l’art de faire le vin : on la trouve décrite dans nos premières pharmacopées, sous le nom de rob ou de sapa : c’étoit la confiture de nos bons aïeux ; elle est encore du goût de toutes les classes de la société, et leur est tellement précieuse, que, dans les lieux les plus éloignés des vignobles, leurs habitans en font avec les fruits à pepins et à noyaux, en y employant pour véhicule, au lieu du moût de raisin, le suc des pommes et des poires, récemment exprimé, c’est-à-dire le poiré et le cidre doux.

La consistance du raisiné varie depuis l’électuaire jusqu’à celle d’un sirop ; dans ce dernier état, il est facile de le délayer dans l’eau pour en faire des boissons édulcorées. Les habitans de l’Archipel paroissent même continuer de préparer cette espèce de raisiné liquide ; car M. Boudet, pharmacien en chef de l’armée d’Orient, a trouvé, dans les magasins d’Alexandrie, des bouteilles de terre d’une forme agréable, qui en étoient remplies ; il avoit la consistance de la mélasse ; on en compose aujourd’hui en Égypte une espèce de sorbet. Sans vouloir rappeler ici tous les avantages qu’on peut obtenir du raisiné, nous nous bornerons aux principaux. On sait d’abord que