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manière à les distribuer selon telle ou telle forme déterminée. Les premières mailles formées s’appellent levure. Lever un filet, c’est le commencer ; le poursuivre, c’est l’achever. Cet achèvement ne résulte pas toujours de la continuation des mêmes mailles ; il faut dans des cas se ménager des espèces de mailles auxiliaires et surnuméraires, qu’on nomme accrues ; dans d’autres, diminuer leur nombre par des rapetisses, quelquefois aussi se donner une rangée de mailles doubles pour pouvoir faire un filet qui tienne à un autre ; c’est sur-tout ce qui a lieu dans les filets dits verveux, où l’on forme des goulets dans l’intérieur du corps du filet.

Revenons sur nos pas, et retournons à la première maille. Toute maille est le résultat du contour d’un fil autour d’un moule, et d’un certain entrelacement qui arrête les deux branches de ce fil par un nœud. Il y a plusieurs manières de faire ce nœud. Les deux essentielles à connoître sont celles qui forment le nœud dit sous le petit doigt, et celui dit sur le pouce. On n’a besoin que du premier nœud pour lever ou commencer toutes sortes de filets : les méthodes contraires, maintenues par la routine, sont dues aux tâtonnemens du métier. Leur moindre inconvénient seroit de rendre la description que j’entreprends tout à fait inintelligible ; elles en ont un plus grand dans la pratique : c’est que les levures, formées par ces méthodes, se commencent par de fausses mailles ou demi-mailles dont il faut, quand les véritables mailles y sont attachées, supprimer l’enlacement postiche, ce qui est à la fois une perte de matière et de temps. Le nœud sur le pouce doit être réservé, dans quelques cas, pour rhabiller, c’est-à-dire raccommoder les filets, et sur-tout pour faire les fausses mailles ou mailles de surcroît dites accrues, qui servent lorsqu’on veut augmenter les dimensions primitives d’un filet ; ce qui résulte de l’augmentation du nombre de ses mailles.

Pour commencer un filet en maillant avec le nœud sur le petit doigt, l’aiguille étant suffisamment chargée, sans couper toutefois la branche du fil qui se dévide d’après la pelote, on prendra un bout de ficelle de huit ou dix pouces de long, dont on noue ensemble les deux extrémités, et qu’ainsi noué on accroche après un clou. Cette ficelle, dont on ouvre les deux branches, s’appelle anse. L’on passe son aiguille dans cette anse, en l’engageant de dessous en dessus. Ce premier mouvement place le fil en croix sur le bas de l’anse, et il se plie là en deux branches dont l’une tient à l’aiguille, et l’autre au peloton. Cette seconde branche, ramenée de dessous en dessus dans l’ouverture de l’anse, ressort encore une fois par-dessous à la longueur d’un ou deux pouces, et pliée en double. On engage, dans ce double, le doigt du milieu de la main gauche pour tenir cette partie de fil ouverte et écartée, et former une seconde anse mobile sous la première, qui ne sert que de point d’appui à ces divers mouvemens. Cela fait, on place son moule entre le pouce et le premier doigt de la main gauche, et on l’approche sous l’anse de corde à une distance à peu près égale au diamètre du moule, en observant que la branche du fil qui tient à l’aiguille passe sur le moule sur lequel on la presse, en mettant le fil sous le pouce. Arrêté là, ce fil descend sur le petit doigt et en fait le tour. On le remonte de là derrière le moule, où le premier doigt le presse et l’arrête en dessous, et à peu près vis-à-vis l’endroit où le pouce presse en dessus. De ce point on jette l’excédant de ce qui sort de l’aiguille en manière de demi-cercle, en allant encore à gauche, à partir du bout du premier doigt de sa main gauche, remontant vers le clou qui tient l’anse, laissant sur cette anse une trace de fil étendue