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mort, surtout dans les chaleurs ; sans quoi il résulteroit de la corruption les mêmes effets que de la maladie.

Dès que la peau est nettoyée de toutes les chairs, on l’étend sur une petite table, le plumage en dessous, et les plumes bien couchées les unes sur les autres. Pour mieux l’étendre, on la fixe avec des épingles ou du fil, qu’on pique de chaque côté ; on enlève ensuite les graisses et les chairs qui pourroient encore y être attachées, et on coud avec de la soie les ruptures qui ont pu se faire ; on enduit ensuite la peau de colle préparée avec une poignée de farine, une pincée de sel commun fin et autant de bon vin blanc qu’il en faut pour la détremper et la réduire comme la colle à châssis de papier.

La peau étant ainsi enduite, on la met sécher à l’ombre, au vent du nord ; et, quand elle est sèche, on la nettoie en la raclant, ce qui se fait facilement, la colle s’en détachant par écailles. Si, après cette opération, elle conserve encore quelque humidité, on l’empâte de nouveau, et on la fait sécher une seconde fois.

Lorsqu’elle est bien sèche, on l’attache avec du fil sur du papier ou sur un ruban ; et, pour la conserver, on la renferme dans une boîte dont le fond est garni d’absinthe ou de bois de rose. Si on veut donner aux peaux une odeur agréable, il faut, avant que de les relever de dessous la tablette, et après les avoir ratissées, leur mettre, avec une éponge, une couche ou deux de quelque composition odorante. Pour les peaux provenant des grands oiseaux, on remplace le vin par du vinaigre, dans lequel on fait dissoudre du sel et de l’alun ; on leur donne plusieurs couches de ce mélange : de l’épaisseur de la peau dépend le plus ou le moins.

Plumes à écrire. Les pennes, car c’est ainsi qu’on nomme les plumes des ailes et de la queue des oiseaux, pour les distinguer des plumes proprement dites qui recouvrent leur corps ; les pennes, dis je, sont les plus longues et les plus fortes de toutes les plumes ; celles des cygnes, des oies et des corbeaux sont employées, de préférence à toutes les autres, aux usages économiques, et cela, suivant les qualités reconnues au tuyau de chacune d’elles.

Ainsi, les pennes de cygne sont les plus estimées pour écrire et pour former les pinceaux ; ainsi, les plumes d’oie, plus abondantes et presque aussi bonnes que celles de cygne, sont plus généralement employées pour l’écriture ; ainsi, celles de corbeau servent plus particulièrement aux facteurs pour emplumer les sautereaux des clavecins, et aux dessinateurs pour le dessin dit à la plume.

Manière de hollander les plumes. L’oiseau qui fournit une plus grande quantité de plumes à écrire est l’oie ; une seule peut en donner dix de différentes qualités ; mais il reste toujours à leur surface une matière grasse, dont il faut les débarrasser pour les rendre pures, transparentes, luisantes et propres en un mot, à acquérir les qualités qui leur conviennent. Ce sont principalement les Hollandais qui se chargent de cette préparation : de là, l’expression hollander les plumes, pour désigner l’opération qu’ils leur font subir. J’ai profité de la circonstance de la guerre, lorsque plusieurs pharmaciens, instruits dans es sciences et dans les arts, étoient employés en Batavie, pour les inviter à prendre quelques renseignemens sur ce procédé encore inconnu. Il paroît que cette préparation a lieu par la voie sèche et par la voie humide : voici du moins ce qu’ils m’ont communiqué. Je désire qu’en les répétant, on obtienne des résultats satisfaisans.

Le premier procédé consiste à plonger la penne arrachée de l’aile des oiseaux, dans l’eau presque bouillante, à l’y laisser ramollir suffisamment, à la comprimer en la tournant sur son axe, avec le