cuper de l’élever : ou lui apprend à parler très-distinctement ; et il parvient à retenir et répéter plusieurs airs entiers de serinette, avec la plus parfaite précision. Plus on veut que cette éducation soit soignée, plus il faut prendre jeunes les élèves qu’on y destine ; et cela n’est nullement difficile. Si l’on a la précaution de suspendre, aux murs des clochers, des colombiers ou d’autres bâtimens fréquentés par les étourneaux, de ces pots de terre que l’on emploie communément pour les moineaux, il est immanquable de voir plusieurs paires des premiers venir déposer leur couvée. On peut même les forcer en quelque sorte à y nicher, en se donnant la peine de les troubler dans leurs asiles ordinaires. Les petits dont on veut faire de bons chanteurs, doivent être soustraits du nid trois ou quatre jours après leur naissance : s’ils y restoient plus long-temps, ils auroient déjà contracté l’habitude indélébile de leur ramage naturel, qu’ils mêleroient ensuite aux sons que l’art leur apprendroit à former. On élève ces jeunes oiseaux avec beaucoup de propreté. Leur première nourriture est du cœur de mouton haché en petits morceaux. On leur donne ensuite de la pâtée à rossignol, puis toutes sortes de nourritures. L’étourneau, dans l’état de liberté, est frugivore et insectivore. Cette dernière qualité rend sa présence très-précieuse dans les pays agricoles ; il y détruit une quantité prodigieuse d’insectes, et diminue sensiblement les ravages que ces races dévoratrices exercent sur les plantes. Mais, dans les pays riches en fruits, l’étourneau devient à son tour un ennemi nuisible, et dont il faut chercher la destruction. Les cerises, les figues, les olives, les raisins, présentent un appât friand à ses appétits. L’on va jusqu’à prétendre que l’usage de ces deux derniers fruits influe tellement sur le goût de la chair, que ceux de ces oiseaux qui s’en nourrissent de préférence, deviennent un fort bon gibier. Il est certain que ce manger a été plus recherché autrefois qu’il ne l’est aujourd’hui, que même, en Hollande encore, on en fait beaucoup de cas : mais il n’est pas moins certain non plus que l’étourneau est habituellement amer, dur et sec, quelques précautions que l’on prenne pour corriger ces qualités, comme, par exemple, de le dépouiller de sa peau, de lui couper la tête, de le saigner au cou, de lui arracher la langue aussitôt qu’il est tué.
L’habitude qu’ont les étourneaux de se mêler au bétail, en la compagnie duquel ils trouvent plus abondamment des vers et des insectes, fournit un moyen sûr de les tirer avec succès en suivant les troupeaux. On se sert, en ce cas, avec avantage de l’appareil de la Vache artificielle ; (V. ce mot) et comme, lorsqu’un de ces oiseaux tombe, les autres se mettent à voler en cercle à l’entour, il n’est pas difficile de tirer plusieurs coups sur la même bande et d’en abattre une assez bonne partie. On leur tend aussi des collets et divers filets dans le genre de la pantière ou pantaine. (Voyez Bécasse.)
Dans la Hollande, où il y a de grands marécages fréquentés par ces oiseaux, on tend, sur les bords, des filets au moyen de grands pieux ou de perches verticales. À la nuit close, on éclaire la tendue par une lanterne renfermant une chandelle allumée, et des chasseurs battant les roseaux du marécage à coups de gaule, forcent les étourneaux à se lever et à fuir, ce qu’ils font en se précipitant du côté de la lumière qui les fait se jeter dans les filets ; on les y prend par centaines à la fois. On a encore imaginé une chasse assez plaisante, d’après la coutume où sont les étourneaux d’aller en bandes, qu’on appelle aussi des vols. Si l’on a pu s’en procurer un ou plusieurs en vie, on leur attache aux pattes ou à la queue des ficelles engluées jusqu’à une palme environ du corps, et on tâche de saisir le moment