Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/241

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On donne, en quelques parties de la France, le nom de barbotte à ce poisson ; quant à celui de moutelle ou de mouteille, que des auteurs lui attribuent, c’est une confusion trop ordinaire de dénominations : la moutelle de divers cantons, et notamment des rives de la Saône, est la loche.

Une grosse tête, une grande bouche, de petites dents pointues, de petits yeux bleuâtres, avec un iris jaune, des écailles très-minces, molles et très-petites, une humeur visqueuse très-abondante qui les enduit, enfin des marbrures noires et jaunes, sont autant de traits à ajouter à ceux que les naturalistes ont choisis pour caractériser l’espèce de la lote.

Elle passe sa vie dans les eaux claires des rivières et des lacs ; elle s’y tient entre les pierres du fond ou dans les trous des rivages ; les petits poissons, les insectes et les vers forment sa nourriture, et son frai a lieu en décembre et janvier. La multiplication de la lote est considérable, et son développement rapide, quand elle ne manque pas d’alimens ; on la voit alors acquérir une longueur de deux ou trois pieds et un poids de dix à douze livres. On peut la conserver pendant quelque temps en vie hors de l’eau, pourvu qu’on la mette dans un endroit frais, et qu’on lui donne des petits poissons ou du cœur de bœuf coupé par petits morceaux.

Ce poisson a la chair blanche, délicate et de bon goût ; elle est aussi facile à cuire. Le foie, qui est très-volumineux, est un morceau dont les gourmets font grand cas ; mais les œufs se digèrent difficilement, et incommodent souvent ceux qui les mangent.

Pêche de la lote. On prend ce poisson à la main, comme l’anguille, en le cherchant dans les trous des bords ou au fond des eaux.

Divers filets, ainsi que les lignes, soit de fond, soit flottantes, servent également à cette pêche (S.)


LOTIER CULTIVÉ ou POIS-CAFÉ (Lotus tetragonolobus,) famille des légumineuses.

Fleurs, grandes, rouges, solitaires, pédonculées ; très-jolies feuilles, ternées, avec deux stipules, nombreuses.

Fruit, gousse oblongue, cylindrique, ou presque anguleuse, contenant plusieurs semences rondes, de couleur blanche et du volume d’un grain de vesce.

Port, tige d’un pied à dix-huit pouces, couchée.

Durée, annuelle.

Lieu, la Sicile.

Culture. On sème cette plante au mois d’avril, en pleine terre dans tous les sols, par rayons ou par touffes comme les pois.

Usages. On mange ses semences en petits pois verts. On donne le feuillage aux animaux ; mais le principal usage de cette plante est de remplacer le café par ses semences mûres et torréfiées, lesquelles mises en poudre et infusées comme le café, le remplacent à dose double. J’ai fait semer un assez grand carré de ce pois-café pour en obtenir les semences nécessaires à l’approvisionnement de notre maison de commerce ; et, sans qu’on ait eu la pensée d’en faire faire un mets ou d’en faire du café, je me suis convaincu par moi-même, en ouvrant la gousse et en mangeant les semences crues dans l’état où elles sont recommandées pour être mangées en pois verts, qu’elles étoient fort sucrées et tendres. Les gousses sont longues, nombreuses et contiennent beaucoup de semences ; la culture de cette plante est très-facile et toujours productive ; elle est peu difficile sur le choix de la terre, et en même temps qu’elle promet des pois-cafés, elle plaît par la beauté de ses fleurs