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sur toutes les parties du territoire de l’empire, on fasse de nombreuses éducations d’arbres qui nous donnent bientôt l’espoir de faire oublier nos torts, et réparer nos pertes. L’arrêté que vient de prendre le préfet du Haut-Rhin, M. Félix Desportes, pour l’établissement d’une pépinière préfectorale et de pépinières communales dans ce département, est une de ces plus heureuses institutions qui deviendra sans doute générale.

En effet, c’est au gouvernement qu’il appartient de donner à cette partie intéressante de l’agriculture l’éclat dont, elle est susceptible, et d’enrichir le sol français de toutes les productions exotiques qui peuvent s’y acclimater. Cette vérité n’a pas échappé à la sollicitude du ministre Chaptal ; les soins qu’il s’est donnés pour faire venir avant la guerre, des diverses contrées de l’Amérique Septentrionale, une quantité de graines d’arbres de toute espèce, dans le nombre desquelles le cyprès de la Louisiane n’a pas été oublié, la distribution qui en a été faite à des cultivateurs soigneux, promettent l’amélioration de ce genre de culture. Mettons autant d’ardeur à semer et à replanter qu’on en a mis à détruire et à abattre ; semons dans le nord ceux de nos arbres qui résistent le mieux aux rigueurs de l’hiver, semons ailleurs tous ceux qui s’y plaisent le mieux ; multiplions autant qu’il est possible les arbres étrangers parfaitement naturalisés et reconnus pour être les plus utiles ; multiplions le sophora qui vient rapidement, et dont le bois est excellent, mais sur-tout l’acacia, etc. C’est dans les Lettres qui viennent de paroitre sur le robinier, qu’on apprendra tous les avantages qu’il est possible de retirer de ce bel arbre ; elles sont un nouveau présent fait à l’agriculture, par le sénateur François de Neufchâteau. (Parmentier.)


GRAISSE. Engraissement des animaux. (Hygiène vétérinaire.) Comment se fait-il que certains animaux s’engraissent très-facilement, tandis qu’il en est qui n’engraissent pas ? Pourquoi voit-on des personnes qui s’enrichissent à engraisser des bestiaux, tandis que d’autres s’y ruinent ? Nous allons tâcher d’indiquer les moyens de faire de l’engraissement des animaux une spéculation avantageuse, en considérant, 1°. la nature de la graisse et la manière dont elle est élaborée ; 2°, la conformation et les signes par lesquels on juge qu’un animal est disposé à engraisser ; 3°. des vues générales à remplir pour procurer la graisse ; 4°. les divers moyens qu’on met en usage ; 5°. les signes auxquels on reconnoît les progrès et la perfection de l’engraissement ; 6°. les accidens qui surviennent avant, pendant et après. 7°. enfin, les inconvéniens de la graisse dans les animaux qu’on ne sacrifie pas directement pour la bouche.

Nature et élaboration de la graisse. Nature de la graisse. La graisse est une matière qui s’accumule dans le tissu cellulaire, dont la nature varie non seulement dans les différens animaux, mais encore dans les différentes parties du corps du même animal.

La graisse du cheval est fluide et huileuse ; celle du canard et de l’oie a beaucoup moins de fluidité ; celle du cochon est plus solide ; mais les ruminans en fournissent de beaucoup plus dense. La graisse qui entoure l’œil, celle qui est autour des articulations, des glandes lymphatiques, ainsi que celle qui se trouve dans l’intérieur des os, dans l’intérieur du canal vertébral, et qui enveloppe la moelle allongée dans toute son étendue, est la plus fine et la plus blanche.

Le suif qui est le plus compacte est le meilleur ; celui des animaux qui ont souffert, soit par des fatigues, soit par des maladies longues, est jaune, desséché, brûlé.

Toutes les parties de l’économie animale ne renferment pas une égale quantité de graisse. Elle se montre en assez grosse masse dans les interstices des muscles du globe, entre l’origine des muscles qui fixent le fémur au bassin, sous le scapulum, sous la peau, autour des grosses articulations, des glandes lymphatiques autour de la base de la langue ; mais les grands réservoirs où ce corps se rencontre en plus grosse masse, c’est à la base du cœur, dans le médiastin, dans l’épiploon, le mésentère et autour des reins. Nous observons cependant que le cochon fait exception à cette régie générale : son plus grand réservoir est placé sous