J’ai remarqué plus haut que le geai n’étoit pas considéré, du moins en France, comme gibier ; cependant on assure que sa chair est très-mangeable, sur tout en lui coupant la tête, et mettant ensuite le corps bouillir et rôtir.
On assure même que ceux qui sont jeunes et gras peuvent être servis pour des grives. On les voit exposés en vente dans les marchés d’Italie et d’Allemagne, et j’ai eu occasion de remarquer qu’ils sont regardés, en Grèce, lorsqu’ils y arrivent vers la fin de l’été, comme un manger délicat, aussi ceux qui y passent, à cette époque, sont-ils en général de jeunes oiseaux alors fort gras.
Chasse aux geais. Leur pétulance, leur agitation perpétuelle, les rend très-difficiles à tirer au fusil ; mais cette même étourderie et leur hardiesse les font donner tête baissée, et sans trop de méfiance, dans quantité de pièges. Leur haine pour la chouette les attire des premiers aux pipées ; ils fondent sur l’arbre avec courage, mais leur force leur permet quelquefois de se sauver avec les gluaux.
On se sert encore avec succès de l’instinct qui les attire aux cris les uns des autres, pour les prendre en troupe, lorsqu’on a pu s’en procurer un vivant qu’on attache couché sur le dos en lui prenant les ailes au moyen de deux crochets piqués en terre, espèce de chasse que j’ai déjà indiquée pour les Corbeaux, les Corbines, etc. (Voyez l’article de ces oiseaux.) Cette pratique est fondée sur un fait constant, et sur les habitudes mêmes des geais. Cependant on voit une méthode à peu près semblable, indiquée dans divers Traités de chasse, et d’où l’on attend un effet absolument contraire. Je veux parler du moyen présenté comme propre à écarter les geais des champs ensemencés et d’autres endroits où l’on redoute leurs pillages ; moyen qui consiste à attacher ça et là, à des piquets, des geais blessés, dont les cris, assure-t-on, servent à éloigner les autres.
Les abreuvoirs et leurs tendues, toutes les espèces de collets à ressort, rejets, raquettes, ou ravenelles, etc., sont pour les geais des fléaux destructeurs. (V. Abreuvoirs et Collets à ressort.) Des cosses de pois, des cerises, des noix, différentes baies, servent, selon les saisons, à amorcer les pièges. On tend, pour ces oiseaux, les raquettes et ravenelles parmi les haies et les buissons, et sur les arbres ; mais il faut avoir soin alors que la marchette de ces pièges soit tellement isolée, que les geais ne puissent atteindre, autrement qu’en se posant sur ce léger bâton, le fruit quelconque dont la sommité de la raquette est garnie. La raquette proprement dite, dont j’ai décrit la forme aux articles précités, ne se tend commodément que sur terre. Voici comment se façonne la repenelle propre à être tendue sur les arbres, et dans les haies et les buissons. On a une baguette de saule, longue d’environ quatre pieds, grosse comme le pouce, et bien droite ; on l’aiguise par le gros bout ; on laisse à l’autre extrémité une petite fourche, ou crochet, qui sert à suspendre les fruits et autres appâts : à dix ou douze pouces environ de cette extrémité supérieure, on perce transversalement la branche d’un trou, du diamètre au plus d’une foible plume à écrire ; et vers l’extrémité inférieure, à six ou huit pouces, du bout aiguisé, on fait un second trou dans le même sens que le précédent, et d’un diamètre plus fort.
Ce second trou reçoit une baguette élastique, longue de deux ou trois pieds, grosse comme le petit doigt, et aiguisée, s’il est besoin, d’une manière à entrer à serre, et se ficher solidement dans le trou qui lui est préparé. À l’autre extrémité de cette seconde baguette est une petite ficelle à laquelle s’attache un collet de crin qu’on enfile dans le trou supérieur du gros bâton, et qui passe d’outre