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Ruches. Offrir aux abeilles un logement sain, commode et agréable, faciliter au propriétaire les moyens de profiter, sans danger pour lui, ainsi que pour elles, d’une partie de leurs provisions, tel est le double but que l’on avoit dans la construction des ruches : c’est aussi sous ce double rapport que nous considérerons d’abord les anciennes ruches, et que nous ferons ensuite connoître celles dont l’usage a été nouvellement conseillé et établi.

Ruches faites avec des troncs d’arbres. On n’en connoît point d’autres dans plusieurs départemens où l’on a cru sans doute se rapprocher de la nature, en imitant les abeilles qui, dans les forêts, choisissent pour logemens des arbres creusés par le temps ; mais on n’a fait que rester dans l’enfance de l’art, et ces ruches sont sans doute celles qui présentent le plus d’inconvéniens sans aucun avantage. On ne peut ni les mouvoir, ni les transporter, ni reconnoître dans quel état y est la cire. Les fausses teignes s’y sont-elles mises ? nul moyen d’arrêter leurs ravages. On ne recueille la cire et le miel que par le haut, travail qui se fait péniblement et qui est toujours imparfait, parce qu’on ne peut enlever qu’une partie de la provision. Enfin, les abeilles, une fois établies dans ces ruches, le sont à jamais, et n’essaiment que très-rarement.

Ruches en cloche ou en cône. Plus généralement adoptées que les premières, celles-ci offrent en effet plus d’avantages en ce qu’elles sont portatives, qu’il est facile, en les renversant, de connoître l’état de la cire, de les préserver des fausses teignes, de nourrir les abeilles, de les changer de ruches, et de réunir plusieurs essaims ; mais on leur reproche aussi de graves inconvéniens. Leur forme empêche qu’on ne prenne partie seulement des provisions qu’elles renferment : il faut nécessairement enlever la totalité de la cire et du miel, d’où résulte qu’on est forcé de recourir au transvasement, opération difficile, désagréable, et très-souvent funeste aux abeilles.

Ruches à hausses. Ces ruches, formées de plusieurs hausses faites en paille ou en bois, ayant chacune trois, quatre, cinq ou six pouces de hauteur, un pied de diamètre, et qu’on place les unes au dessus des autres, ont été inventées pour éviter le transvasement, et se ménager la faculté, tant de ne prendre qu’une partie des provisions des abeilles, que de garder les essaims qui se trouvent réunis, en y ajoutant autant de hausses que les circonstances l’exigent. L’expérience y a fait remarquer toutefois des défauts que ne rachètent point les avantages qu’on y avoit trouvés.

On a reconnu que si, en enlevant une hausse, on ne prend qu’une partie de la cire, très-souvent aussi l’on s’empare de toutes les provisions de miel qui existent dans la ruche, et qu’alors les abeilles sont exposées à mourir, si la saison ne leur permet plus de réparer leur perte. La séparation de la hausse supérieure ne peut d’ailleurs se faire qu’à l’aide d’un fil de fer ou d’archal qu’on passe entre le bord inférieur de cette hausse et le bord supérieur de celle sur laquelle elle pose, et qui sert à diviser la continuité des rayons. Il arrive de là que toutes les abeilles qui se rencontrent dans le trajet du fil d’archal sont engluées ou écrasées ; que, s’il y a du couvain, les vers ou les nymphes périssent dans l’opération, et que, si la reine est atteinte au passage, la ruche est perdue.

Ruches à hausses perfectionnées. Le perfectionnement de ces ruches consiste en une planche que l’on cloue sur la partie supérieure de chaque hausse, et qui forme un fond percé dans son milieu d’une ouverture ronde ou carrée de deux ou trois pouces de diamètre. Il