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ment entretenu au même degré de chaleur par l’évaporation du liquide en ébullition, et qu’il s’opposoit constamment à l’élévation de la température, d’où il résultait que la chaleur, qui est insuffisante pour favoriser la combustion totale des principes inflammables, devoit plutôt en opérer la gazéification que l’oxigénation. Ce sont ces observations qui, d’accord avec les phénomènes de la combustion, m’ont conduit à faire les changemens qu’on remarque dans tous les fourneaux, dont j’ai fait connoître la construction. J’avois annoncé que cette innovation dans la manière de construire les fourneaux, conduiroit à faire de nouvelles observations ; ce qui, probablement, ajouteroit encore à leur perfection. J’ai été assez heureux pour être celui qui, depuis, a reconnu qu’on pouvoit augmenter les effets du calorique sans augmenter sa masse. L’application que j’ai faite de ce principe aux fourneaux en général a fourni la preuve de la solution de ce problème.

Le fourneau que nous allons décrire sera donc construit d’après ces nouveaux principes. Nous assurons d’avance que l’économie qu’il procurera sur le combustible sera de plus des trois quarts, et que le temps qu’il abrégera sera de plus de moitié. Certainement, c’est un beau présent fait à l’économie manufacturière que de lui procurer économie de temps et économie de combustible. Alors, ce qui ne se brûlera pas dans les ateliers, servira avantageusement à la société. Je ne doute pas que la propagation de ces principes, et leur application dans les arts et aux usages domestiques, ne procurent annuellement à la France une économie de combustible de plus de 500 millions. Alors, d’après des moyens aussi efficaces pour réduire ainsi la consommation du bois, on n’aura plus craindre que la disette nous en arrive de sitôt.

Description du fourneau et de l’alambic pour la distillation des vins et des liqueurs spiritueuses, qui ne se troublent point pendant l’ébullition. Pl. XV, fig. i. A, porte du foyer : elle a quatorze pouces de large, et autant de hauteur.

B, ouverture de la voûte du foyer : elle a un pied de large sur deux pieds de long ; ce qui donne à cette ouverture la forme d’un sphéroïde, dont le plus grand axe se dirige dans le sens de la profondeur de la voûte du foyer.

Le foyer a deux pieds de large : trois pieds et demi de profondeur ; de l’angle b à l’ouverture B, il y a vingt pouces de hauteur.

Le rétrécissement qu’on observe à l’ouverture B est destiné à augmenter l’énergie des rayons caloriques : une plus grande ouverture en diminueroit l’action, même en augmentant la masse du corps en ignition. C’est donc dans la construction de cette partie du fourneau qu’il faut porter toute son attention, si l’on veut tirer partie de toute la chaleur qui résulte de la combustion.

C’était déjà beaucoup que d’avoir trouvé le moyen d’obtenir les plus grands effets de chaleur dans les fourneaux d’évaporation ; mais il restait encore à trouver les moyens de l’utiliser dans le même fourneau, après avoir exercé sa première action sur le fond de la chaudière. C’est dans la manière de diviser l’intérieur du fourneau que j’ai le mieux réussi pour obtenir, de la chaleur, tous les effets qu’elle peut produire avant son émission au dehors. L’exemple le plus frappant que je puisse fournir pour prouver combien je perds peu de chaleur, c’est qu’un thermomètre placé dans la cheminée, est constamment au même degré que celui placé dans la chaudière. Ainsi, jamais la chaleur perdue n’est à un degré plus élevé que celui que prend le liquide soumis à l’évaporation ; dans les fourneaux actuels, au contraire, la chaleur des cheminées y est presque toujours