Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/595

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


DIDEAU, (Pêche,) grand filet qui sert à barrer une rivière en tout ou en partie, afin d’arrêter tout ce qui passe. Il y a des dideaux avec potences et poulies scellées dans plusieurs ponts, à Saint-Cloud, à Paris, à Charenton, etc. (S.)


DINDON. Au moment où les poussins d’Inde viennent d’éclore, ils montrent si peu de disposition à chercher leur vie, que des ménagères impatientes ont imaginé de les embecqueter ; mais, quelque adroite en ce genre qu’on suppose une fille de basse-cour, il y a toujours, dans une pareille opération, trop de risques à courir pour le bec de l’animal. C’est pour parer à ces inconvéniens, qu’il nous paroît nécessaire d’associer deux à trois œufs de poule ordinaire à ceux de la dinde, dix jours après qu’elle est en couvaison, afin que les poussins éclosent en même temps ; comme les poulets becquètent et mangent au sortir de la coquille, ils deviennent, pour les poussins d’Inde du même âge, un exemple qu’ils imitent, et qui les détermine à manger quelques heures plus tôt, ce qui n’est pas inutile.

Cette pratique dangereuse d’embecqueter a trouvé des partisans, et Rozier est de ce nombre ; mais il paroît que sur ce point, comme il l’avoue pour l’oie, il n a présenté que l’extrait des ouvrages des auteurs. Mais M. de Saint-Genis, ce cultivateur éclairé, qui parle toujours d’après sa propre expérience, remarque très-judicieusement qu’il ne faut pas se presser de faire prendre de la nourriture aux poussins d’Inde ; que quand on les retire de dessous leurs mères, pour les manier et les embecqueter, ils périssent tôt ou tard, à cause de la différence de température dans laquelle ils passent brusquement ; il soupçonne que, dans les premiers jours de leur naissance, ces oiseaux, plus que tous autres, défraient être abandon tics à la simple nature, et qu’il ne faudroit pas tirer de la chaleur et du repos ces êtres excessivement délicats, et qu’on ne peut regarder comme véritablement acclimatés que quand ils ont poussé le rouge. Passé cette époque, leur tempérament est formé, ils bravent la rigueur des saisons et toutes les influences des localités ; et quoique originaires des pays chauds, ils se sont naturalisés dans les contrées les plus septentrionales de l’Europe, de manière à faire croire que cette partie du globe est leur véritable patrie. Le dindon est donc réellement un cosmopolite.

Un fait bien constant, chez tous les oiseaux domestiques, c’est qu’ils ne sortent pas à la fois de leurs coquilles, et que souvent, dans une même couvée, il y a une distance entre le premier et le dernier né. M. de St-Genis a encore fait une autre observation : c’est qu’à peine les petits sont-ils éclos, qu’ils se tiennent sous la mère, et ne manifestent aucun désir de prendre de la nourriture ; il en a conclu que, sans doute, la chaleur animale leur étoit plus nécessaire que le manger. Ses essais l’ont conduit à cette opinion, savoir : qu’il se passe deux ou trois jours avant de montrer une disposition à chercher leur aliment ; mais qu’ensuite ils becquètent très-bien, et n’ont absolument besoin d’aucun secours étranger.

Mais les poules d’Inde ne sont pas seulement les couveuses les plus assidues pour les différentes sortes d’œufs, elles méritent encore d’avoir la préférence sur toutes les autres femelles des oiseaux de basse-cour, pour conduire les petits des diverses familles ; elles manifestent pour eux la même sollicitude que pour les leurs propres ; aucun oiseau de proie, aucune bête fauve n’ose en approcher, et les poulets, conduits par une dinde, trouvent une nourriture plus abondante et deviennent plus tôt gras ; ils quittent