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qu’à l’automne. Leur nourriture est à peu près la même gué celle des freux.

De tous les oiseaux dont il est question dans cet article, le choucas est celui qui se prive le mieux ; il aime, comme le corbeau, à cacher les objets qui ont quelque éclat, de même que les différentes choses dont il se nourrit, et qu’il ne peut pas consommer à l’instant.

Chasse du Corbeau, de la Corbine, de la Corneille, du Freux et du Choucas. Malgré les distinctions que l’Histoire naturelle établit entre ces espèces, je n’ai fait qu’un seul article de leurs chasses, parce qu’à cause de la conformité de leurs habitudes ou de leurs appétits, on peut tendre des pièges semblables à ces différens oiseaux, en se rappelant toutefois que le freux n’est point carnivore, qu’il ne partage les goûts des corneilles que pour certains végétaux, tels que les glands, les fèves de marais, et que les productions seules de cette nature peuvent faire, pour les deux espèces, la base d’un appât commun.

L’extrême défiance qui caractérise tous ces oiseaux, la subtilité de leurs sens, les rend très-difficiles à chasser au fusil. L’époque la plus favorable pour en détruire beaucoup avec cette arme, est celle de la ponte et de la couvaison ; tous sont très-attachés à leurs nids ; ceux des corneilles sont isolés, placés loin les uns des autres, sur de grands arbres dans les futaies. Les freux, au contraire, se rassemblent sur le même arbre, en assez grand nombre, et y bâtissent jusqu’à dix ou douze nids. Lorsque les petits commencent à essayer leur vol, ou les voit tournoyer par nuées au milieu desquelles le plomb peut faire de grands ravages.

Hors le temps de la ponte, un moyen, d’attirer les corbeaux et autres à la portée du fusil, est d’élever, dans les lieux fréquences par eux, sur un juchoir isolé, un grand duc, un hibou, ou une chouette. La haine qu’ils, partagent avec les autres habitans de l’air pour ces oiseaux de nuit, les attire autour de celui qu’on leur a offert, et donne lieu au chasseur embusqué convenablement de les tirer à bonne portée. Ce même instinct les fait aussi donner souvent dans les pipées, sur-tout si l’on a la précaution de tendre pour eux des gluaux très élèves. Enfin, on a un troisième moyen de les approcher avec la machine dite Vache artificielle. (Voyez ce mot.)

La plupart de ces oiseaux suivent volontiers le gros bétail, et si l’on peut se placer au milieu d’un troupeau que le coup de fusil n’effarouche point, on aura souvent occasion de les tirer.

Parmi les pièges appâtés qu’on leur peut tendre, il faut distinguer les hameçons, ainsi que les collets et pinces à ressort, décrits à la chasse des Canards. Les hameçons pour corbeaux sont les mêmes que pour les canards, avec cette seule différence qu’ils sont armés de cuivre à la longueur de quatre pouces au dessus du crochet, pour que la corde ou attache ne soit pas exposée à être coupée par l’oiseau. Lorsqu’on veut tendre aux corbeaux et corneilles avec des hameçons, il est bon de semer à l’avance, et plusieurs jours de suite, dans un lieu bien situé, des morceaux de chair à demi-putréfiée, afin que le sentiment en soit plus fort. Il faut préférer, aux viandes dites de boucherie, les charognes, et particulièrement les intestins des poulets, pigeons, lapins, lièvres, et autres gibiers.

Lorsque cette amorce a été souvent répétée pour vaincre la méfiance des oiseaux, et que l’on voit qu’ils ont dévoré les appâts, qui leur étoient offerts, ou couvre la même place d’hameçons attachés à des piquets enfoncés en terre jusqu’à la tête, et on les garnit des mêmes viandes dont on se sera servi jusqu’alors, sur-tout de celles qu’on voit qu’ils ont préférées. Leur voracité en fera