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quantité de chaux, infusée que leur destination requiert.

4°. Les architectes modernes, et surtout les maçons de la campagne, emploient généralement trop de pierres dans leurs maçonneries, ou plutôt ils n’y emploient pas assez de mortier.

La démolition des anciennes constructions prouve, qu’à l’exception des paremens, toutes les pierres, ou les cailloux de l’intérieur, étoient baignés, ou même noyés dans le mortier, avec lequel ils ne faisoient tous qu’un même corps, souvent très-difficile à détruire.

5°. La lenteur avec laquelle on conduit aujourd’hui les constructions, même les plus urgentes, est aussi une des causes du peu de solidité que l’on apperçoit dans toutes.

L’expérience nous apprend qu’il faut faire marcher de front, et le plus promptement possible, toutes les parties d’un même édifice, afin qu’elles puissent tasser toutes en même temps, avant la dessiccation des mortiers.

Cette cause du défaut de solidité de nos édifices modernes tient, d’une part, à l’exiguïté de nos facultés pécuniaires, et de l’autre, au petit nombre d’ouvriers que l’on trouve à employer en même temps à leur construction.

Mais, si nous ne sommes pas aussi riches que les Romains pour nous permettre d’entreprendre des monumens aussi vastes, et si notre population ne nous offre pas assez d’ouvriers pour pouvoir les terminer, comme eux, presqu’aussitôt qu’ils sont commencés, au moins devrions-nous profiter de leurs exemples pour perfectionner nos constructions, autant que les circonstances et les localités peuvent le permettre.

Nous devons dire cependant que la France possède des monumens d’architecture dignes de figurer à côté des chefs d’œuvre de l’antiquité, et qui immortalisèrent les architectes qui en ont conçu les plans, et dirigé l’exécution. Sans même remonter au grand siècle de Louis XIV, l’hôtel des Monnoies, les écoles de Chirurgie, et Sainte-Geneviève, sont de ce nombre.

Ce n’est donc point sur ces monumens du génie de nos architectes modernes, ce n’est pas même sur les habitations des grandes villes, dont plusieurs se font remarquer par des décorations élégantes, des distributions commodes et ingénieuses, et par une exécution soignée et économique, que nous appelons une attention particulière, mais sur les constructions rurales, dont l’exécution a été jusqu’à présent abandonnée à des architectes ineptes, et à des ouvriers ignorans.

La nature s’est montrée généreuse envers la France, en lui procurant, pour ainsi dire, dans chaque localité, des matériaux propres aux constructions. Il suffit de les y chercher, d’employer à chaque construction ceux qui conviennent à sa destination, et de les employer de la manière la meilleure et a plus économique.

2°. Dans la charpente. Les Romains ne nous ont laissé aucuns monumens sur l’art de la charpente ; mais, à juger de leurs connoissances sur cet objet par le degré de perfection où ils ont porté l’architecture, on ne peut douter qu’elles ne fussent très-grandes.

Cet art a fait beaucoup de progrès en France, dans le siècle dernier. On ne voit plus, dans les charpentes modernes, cet amas de bois, ces poutres de dimensions extraordinaires, que l’on ne trouveroit plus aujourd’hui à remplacer. L’ancienne charpente de la Halle aux Blés de Paris, les combles et les planchers modernes, attestent son perfectionnement.

Malheureusement, toutes ces découvertes sont encore concentrées dans les grandes villes ; et, lorsqu’on s’en éloigne, les charpentes s’y retrouvent telles