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voyée dans la cheminée, et chassée vers le tuyau par le courant d’air.

Les chauffoirs de Pensylvauie produisent le double effet d’augmenter l’action du feu, en dépouillant la fumée d’une grande partie de sa chaleur, et de faire circuler, au travers des plaques échauffées, un courant d’air extérieur dont la température augmente celle de l’appartement qui ne se trouve plus refroidi par l’air des portes et des croisées.

À peine les cheminées à la Francklin furent-elles connues en Europe, qu’on s’empressa de les adopter, et d’y faire même quelques changemens.

Le comte Cisalpin en fit abaisser le manteau, de manière à dérober la vue de la flamme, et à empêcher le retour de la fumée que de violens coups de vent ramenoient quelquefois dans la chambre.

M. le chevalier Fossé chercha les moyens de les faire exécuter d’une manière économique. Il leur donna une forme plus agréable, et une grandeur convenable à tous les divers emplacemens.

Un habile architecte de Lyon, M. Desarnod, qui, depuis 1783, travailloit avec le plus grand zèle à la construction des cheminées à la Francklin, parvint à les faire couler en fonte : et le résultat de ses laborieuses et pénibles recherches fut une cheminée qui réunit à tous les avantages des chauffoirs de Pensylvanie, des avantages encore plus grands.

Les cheminées à la Desarnod augmentent la chaleur d’une manière très-remarquable, fournissent à volonté de l’air chaud ou de l’air froid, peuvent se fermer au moyen d’une plaque très-mobile, et par des registres qui s’opposent au passage de la chaleur, et elles réunissent, à une disposition aussi ingénieuse, des formes agréables et enrichies d’ornemens du meilleur goût. Mais le prix de ces foyers ne pouvant en permettre l’usage qu’aux personnes riches, on n’a point été dispensé de chercher, pour nos cheminées ordinaires, une construction qui puisse convenir à toutes les classes de la société.

M. de Rumford, à qui la physique avoit déjà de grandes obligations, s’est occupé avec tant de succès des arts industriels et économiques, qu’il s’est placé au premier rang, parmi les bienfaiteurs de l’humanité. Nous allons donner un extrait de ce qu’il a publié, sur les cheminées, en y ajoutant les augmentations qu’il a faites depuis la publication de son ouvrage.

L’essai de M. de Rumford, sur les cheminées, ayant particulièrement fixé mon attention, j’en ai fait construire un grand nombre, d’après ses principes, et les résultats que j’ai obtenus ont été parfaitement d’accord avec les siens. Notre méthode de faire les cheminées remplit si peu le but que nous nous sommes proposé, que, si l’on avoit donné pour problème : Trouver une construction telle, qu’avec la plus grande quantité de bois, on eût le moins de chaleur possible, nos anciennes cheminées en auroient fourni la solution. Ajoutez à cela deux inconvéniens très-graves, la fumée qui sort quelquefois si abondamment, qu’elle force à ouvrir les portes et les fenêtres, et ces courans d’air froid qui sont d’autant plus nuisibles, que, gelés d’un côté, vous éprouvez de l’autre une chaleur souvent bien difficile à supporter.

Les changemens proposés par M. de Rumford remédient complètement à tous ces défauts ; mais, ce qui étoit très difficile à trouver, c’étoit de parvenir à résoudre la question d’une manière générale, en donnant une méthode qui pût être adaptée à toutes les cheminées, avec une dépense si foible, qu’elle put même convenir à la classe indigente.

Avant que d’exposer ses principes, notre célèbre physicien entre dans quelques détails sur l’ascension de la fumée, et il fait voir combien sont inexactes les