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manière très-remarquable sur la fumée, qu’elle tend toujours à déranger de sa marche naturelle.

4°. On peut mettre au nombre des défauts les plus nuisibles des cheminées mal construites les vices qui se trouvent dans la disposition du foyer, les inégalités du tuyau, et les corps en saillie qui y sont interposés, le peu d’enfoncement du contre-cœur, et les communications avec d’autres cheminées.

5°. On remédie facilement aux effets de la neige, de la pluie et de la grêle, qui agissent par leur propre poids, avec d’autant plus de force que, tombant plus abondamment, elles opposent à la fumée un effort assez considérable, qu’elle ne peut souvent pas vaincre.

6°. C’est bien à tort que quelques physiciens, d’après les opinions de Castel et de Boyle, ont voulu prouver la pesanteur de la lumière par l’augmentation de poids des corps métalliques exposés à son action ; cet effet ne peut être attribué qu’à la solidification d’un des principes de l’air. Mais, sans avoir besoin de recourir à la pesanteur des rayons du soleil, pour expliquer le refoulement de la fumée dans le tuyau, nous pensons que la dilatation qu’ils y occasionnent, en déterminant l’air à y pénétrer, suffit pour produire cette action.

7°. Les bois nouvellement coupés, et tous ceux qui contiennent beaucoup de principes aqueux, ne donnent, dans les foyers ordinaires, que bien peu de flamme et beaucoup de fumée. Mais leur effet est bien différent dans de vastes ateliers, où ils sont brûlés en grande masse : la chaleur qui se développe est alors suffisante pour décomposer l’eau qu’ils contiennent, et fournir ainsi de nouveaux alimens à la combustion. J’ai éprouvé cette différence d’une manière très marquée dans les vastes fours des potiers de Savignies, où j’ai fait faire plusieurs fois des cuites avec du bois vert. La chaleur avoit été si forte, que, même à une grande distance du foyer, la surface des vases étoit entièrement vitrifiée, et les poteries, suivant leur expression, étoient brûlées. Cependant, j’avois fait diminuer, de plusieurs cordes, la quantité ordinaire de bois, et j’avais gagné plus de deux jours sur le temps qu’ils emploient ordinairement par fournée. Les bois dont on se sert le plus communément sont le bouleau, le chêne, le charme et le hêtre. Le bois de chêne brûle assez bien quand il est un peu vert ; car, quand il est vieux, il charbonne, noircit, et donne beaucoup de fumée. Celui qui brûle le mieux, et qui, à poids égal, développe le plus de chaleur, est le bois de hêtre, dont les avantages sont bien connus dans plusieurs fabriques, où il est préféré à tous les autres bois. Je ne parierai pas de la nécessité dé bien disposer le feu dans le foyer, car tout le monde sait que, sans cette précaution, la fumée réfléchie par les côtés ou par la tablette, sort très-facilement de la cheminée.

Il existe encore un assez grand nombré de causes accidentelles qui contribuent à donner de la fumée, comme l’adossement des cheminées, l’humidité de celles qui sont nouvellement construites, l’abondance de la suie qui peut s’y trouver, la soustraction de l’air par le feu d’une pièce contiguë. Mais on trouvera facilement les moyens de détruire ces effets, par l’application des divers procédés que nous allons examiner, dont la plus grande partie consiste à faire des changement, dans la partie supérieure.

Alberti, en insistant beaucoup sur le placement du feu au milieu du foyer, recommande dé placer le contre-cœur aplomb jusqu’à l’extrémité du tuyau : il assigne des proportions pour toutes les cheminées, dont il réduit la profondeur entre dix-huit pouces et vingt-quatre pouces, quelle que soit leur largeur. Il les faisoit couvrir avec une ou deux de ses