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certain point, qu’autant qu’on est dirigé par un maître adroit, et qui a l’habitude de ces travaux et de ces opérations. Dans les campagnes, ces connoissances se communiquent par l’exemple du père aux enfans, et se propagent, pour ainsi dire, d’elles mêmes, sans que celui qui montre en sache plus que celui qui apprend.

Mais le jardinage étant plus étendu dans le nombre de ses cultures, et dans les procédés qu’elles exigent, il s’est formé naturellement des écoles pratiques dans cette partie, où beaucoup de jeunes jardiniers, après avoir appris sous leurs pères les premiers élémens de leur art, vont se perfectionner. Presque tous voyagent dans différens cantons, et travaillent dans de grands jardins, sous des maîtres qui ont acquis de l’expérience par un long exercice. Les jardins potagers de Versailles, plantés par Laquintinie, et où sa pratique a continué d’être suivie et s’est perfectionnée ; ceux de Trianon, dirigés par Richard, le premier jardinier botaniste de son temps ; ceux de Choisy, de Chantilly, de Brunoy ; les cultures d’arbres à fruits de Montreuil ; les pépinières de Vitry, et, à Paris, celles des Chartreux, les jardins du Muséum, ceux de Tivoli, de l’hôtel de Biron, de plusieurs fleuristes, etc., étoient ou sont encore les écoles pratiques les plus fréquentées par les élèves jardiniers pour les divers genres de jardinage. Aussi cette partie de l’agriculture est-elle plus avancée en France que les autres, par la raison qu’il y a des maîtres qui l’enseignent et des élèves qui l’étudient.

En Belgique, en Angleterre, en Alsace et dans quelques parties de l’Allemagne, il n’est pas rare de voir les fils de propriétaires de biens ruraux et de fermiers aisés, suivre la même marche que ceux des jardiniers français. Ils vont terminer leur apprentissage chez des praticiens consommés, ou voyagent dans diffé-