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centre du fourneau, un brasier considérable, et être ensuite maître de porter successivement l’action du feu aux différentes parties du fourneau, de façon qu’il n’agisse sur le bois qu’autant qu’on le juge à propos. On n’est pas maître d’arrêter ni de graduer l’action du feu, quand elle s’exerce sur un monceau de bois qui brûle en plein air ; mais la terre qui couvre le fourneau, fait que l’ouvrier conduit le feu comme il lui plaît, et qu’il l’arrête quand il veut. Veut-il ralentir son action d’un côté du fourneau, et l’exciter du côté opposé ? il n’a qu’à boucher les trous ouverts, et en ouvrir de nouveaux de l’autre côté. Mais, pour porter ainsi l’action du feu dans les différentes parties, il étoit nécessaire d’avoir un grand brasier au centre du fourneau : c’est ce qu’on s’est procuré en laissant d’abord l’ouverture du sommet du cône libre un assez long espace de temps. Voilà toute la théorie de l’art du charbonnier.

Un grand fourneau de charbon est ordinairement en feu six à sept jours, et un petit trois ou quatre, avant que le bois soit suffisamment cuit : alors, on bouche tous les trous du fourneau, et on charge de nouveau la chemise du fourneau de nouvelle terre, ou de fraisil, afin que le feu s’éteigne par-tout. Lorsque le charbonnier juge que le feu est éteint partout, pour précipiter le refroidissement du charbon, il le découvre avec précaution, de peur que, s’il se trouvoit encore du feu, il ne se rallumât. On tire alors le charbon pour dire transporté aux forges, ou dans les villes.

Le bon charbon de bois doit être léger, sonore, en gros morceaux brillans, qui se rompent aisément. On estime celui qui est en rondins, et qui ne reste pas chargé d’une grosse écorce. Le charbon se conserve très-bien dans les caves, et même mieux que dans les lieux secs, où, il se brise en petits morceaux.

Les qualités que nous venons d’indiquer conviennent au charbon, à quelque usage qu’on le destine ; et ses avantages sur le bois sont de faire un feu assez vif et réglé, sans répandre de fumée ; ce qui le rend nécessaire dans les cuisines pour allumer les fourneaux sur lesquels on fait des ragoûts.

Les deux meilleures qualités du charbon destiné aux forges et aux fourneaux sont de chauffer beaucoup, et d’être doux, c’est-à-dire de rendre le fer doux ; car il y a des charbons qui font le fer aigre ; et c’est une vérité reconnue, que la qualité du charbon influe sur celle du métal. Malheureusement, les deux qualités de chauffer beaucoup, et d’être doux, vont rarement ensemble : ainsi le charbon de bois blanc est assez doux, mais il chauffe peu ; celui de bois dur, tel que le chêne, donne beaucoup de chaleur, mais on pense qu’il est aigre. En général, le charbon fait avec de jeunes taillis de chêne est plus doux que celui qui est fait avec des branchages, ou de vieux chênes refendus.

On a publié, en 1801, une nouvelle manière de carboniser le bois par des fourneaux, à peu près de la même manière dont on carbonise, en Angleterre, le charbon de terre ; elle est due à M. Brune, propriétaire des forges de Sorel, près de Dreux, département d’Eure-et-Loir. Nous ne décrirons pas ici la forme des fourneaux ; nous nous contenterons de rendre compte du procédé intéressant employé par M. Brune. L’avantage que présente sa méthode, c’est de ne laisser ni fumerons, ni cendres dans la fabrication ; une corde de bois rend le double de charbon obtenu par l’ancienne méthode, et trois jours suffisent à sa confection.

Voici les moyens employés par l’auteur, d’après le rapport qui en a été fait au Conseil des Mines par MM. Blavier