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quatre ou cinq ans ; et cette brièveté de leur vie est peut-être une suite de leur disposition à s’engraisser.

C’est un fort bon gibier ; la graisse dont il est souvent surchargé n’en fait pas toujours un mets très-sain. Cette graisse, fondue et gardée à part, est un assaisonnement fort délicat, en usage dans les cuisines de l’Italie.

Chasse aux Cailles. La chasse des cailles, au fusil et au chien couchant, n’a rien de particulier. Ces oiseaux tiennent souvent avec tant de constance devant le nez du chien en arrêt, qu’on peut les prendre sous un chapeau, et même à la main.

Il n’y a que deux sortes de filets strictement propres à la chasse des cailles ; savoir, le huilier ou tramail, et la tirasse. Quand on les prend à quelqu’autre piège, c’est une espèce de hasard. Le hallier ou tramail est composé de trois filets appliqués l’un sur l’autre, et qu’on distingue, comme dans la pantière, par les noms de toile pour celui du milieu, et d’aumées pour les deux autres. Ces filets sont de soie, ou de fil, l’un ou l’autre teint en vert ; et ils se tendent dans un champ, à l’aide de piquets, comme une espèce de haie, d’où leur vient le nom de hallier.

Un hallier tendu pour cailles peut n’avoir que six à sept pouces de haut ; sa longueur est indéterminée : cependant, trop court, il n’embrasseroit point assez d’espace, et l’oiseau pourroit l’éviter. Ainsi, la moindre longueur qu’on doive lui donner est de quinze pieds ; il convient mieux qu’il en ait jusqu’à vingt cinq, ou même trente ; et comme, plus long, il deviendroit embarrassant, si on vouloit occuper un plus grand espace, on emploieroit alors deux huiliers bout à bout. Pour faire la toile, ou nappe du milieu, on emploie un bon fil à trois brins, dit fil en trois ; les mailles sont en losange, et ont douze lignes d’ouverture. De plus, comme ce filet doit faire la poche, et être tendu lâche, on lui donne, en le fabriquant, des dimensions plus grandes que celles auxquelles on veut qu’il se trouve réduit, de manière que sa hauteur absolue, ou réelle, soit triple de celle qu’il aura étant tendu, et que sa longueur soit seulement double de celle qu’on désire obtenir. Ainsi, par exemple, la toile d’un hallier de sept pouces de haut sur vingt-cinq pieds de long, aura, avant d’être montée, une largeur de vingt-un pouces, et une longueur de cinquante pieds. Les deux nappes destinées à recouvrir celle-ci, et dites aumées, se font d’un fil double de celui employé pour la toile : on peut y faire servir le même, en enfilant ensemble deux brins de ce fil, et observant de ne pas trop tordre.

Les mailles des aumées sont carrées, et ont trente lignes d’ouverture ; le moule qu’on seroit obligé d’employer en faisant son filet pour leur donner cette dimension, seroit trop gros, et gêneroit dans la main : on peut le prendre moitié moins gros, moyennant la précaution de tourner deux fois son fil autour. Bien que ces aumées doivent recouvrir dessus et dessous la nappe du milieu, on ne les fabrique point en deux filets séparés, comme on pourroit se l’imaginer d’abord ; on n’en fait, au contraire, qu’un seul, mais qui porte le double de la largeur désirée, et qu’on replie par son milieu comme une feuille de papier.

Pour obtenir cette largeur, dans la supposition qu’on veuille un hallier de sept pouces de haut, on jettera un premier rang de mailles de trente ligues de largeur, et au nombre de huit, et ainsi de suite : mais, à chaque quatrième maille de chaque rang, on fera une rapetisse, c’est-à-dire, qu’on réunira ensemble, par un nœud, les quatrième et cinquième mailles ; et, en le repliant en deux, comme je l’ai dit, on aura soin de