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causes de la maladie aphtheuse, comme sous les noms de mulet muget, blanchet, à laquelle les enfans sont sujets, sur-tout lorsqu’ils sont réunis dans les hôpitaux, depuis le premier jusqu’au troisième ou quatrième mois de leur naissance ; quels en sont les simptomes, quelle en est la nature, et quel en doit être le traitement, soit préservatif, soit curatif. »

Le Mémoire qui a partage le prix, dans la séance du 28 août 1787, a pour auteur M. Anvity : il présente tous les inconvénient de la bouillie de froment, et tous les avantages de la panade. La préparation de celle-ci consiste à prendre un pain de froment, qu’on partage par le milieu pour le faire sécher au four ; ou le met ensuite tremper dans l’eau l’espace de six heures ; on le presse dans un linge ; on le fait bouillir dans un pot avec une suffisante quantité d’eau, pendant huit heures, ayant soin de le remuer de temps en temps avec une cuiller, et de verser de l’eau chaude à mesure qu’il s’épaissit ; sur la fin on y ajoute une pincée d’anis et un peu de sucre, plus ou moins, suivant la quantité du pain qu’on y aura employée, c’est-à-dire, autant qu’il en faut pour donner un parfum et un goût agréables à cette nourriture ; ce qui peut s’évaluer à 4 grammes (un gros) d’anis, et 3 décagrammes (une once) de sucre par 49 décagrammes (une livre) de pain ; on passera ensuite le tout à travers un tamis de crin, et l’on aura une crème de pain semblable à la crème de riz, dont on se servira pour la nourriture des enfans, ayant soin de n’en réchauffer à chaque fois que la quantité dont on aura besoin. Cette crème de pain se conserve facilement vingt-quatre heures, même en été, pourvu qu’on ait la précaution de la tenir dans un lieu frais. Telle est la recette que M. Auvity décrit dans le Mémoire cité : mais on conçoit que la panade peut être préparée d’une manière plus simple et plus abrégée ; qu’il suffit de choisir le pain, dans l’état rassis, séché, émietté, et mis pendant un certain temps dans de l’eau ou dans un autre véhicule, en y ajoutant un léger assaisonnement.

Pour s’assurer du succès obtenu de l’usage des crèmes de riz et de la panade substituées à la bouillie de froment, il faut lire ce qu’écrivent les administrateurs de l’hôpital des Enfans trouvés du département des Bouches-du-Rhône, dans une lettre adressée, en 1777, à la Faculté de Médecine de Paris, qui, en 1776, avoit donné une consultation en faveur des enfans trouvés. « L’article de la nourriture étoit le plus important, et peut-être le plus difficile. Après bien des essais infructueux faits avec le lait de divers animaux, et avec différens genres de bouillies préparées avec le plus grand soin, on s’est enfin retourné du côté des farineux que vous conseillez, la crème de riz et la panade : ils ont beaucoup mieux réussi ; et nous avons eu le bonheur de voir diminuer la mortalité des enfans confiés à nos soins. »

Dans un Mémoire adressé par MM. Léan, et Joannis, au nom de la Faculté de Médecine d’Aix, ayant pour titre : Mémoire sur la nourriture la plus convenable qu’on puisse employer dans un hôpital, pour la conservation des enfans trouvés, au défaut de lait de femme, on lit que, depuis l’usage des crèmes de riz et de pain, introduit dans cet hôpital (d’Aix), la mortalité des enfans trouvés a été beaucoup moindre : on ne les a point vus dépérir comme auparavant ; ils se sont conservés bien portans pendant tout le temps qu’ils sont restés à l’entrepôt. Au mois de juin 1776, il y avoit trente quatre enfans et dix-neuf nourrices ; malgré cette disproportion entre les nourrices et les enfans, il n’y en avoit qu’un seul de malade ; tous les autres