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une espèce de purée très-épaisse, appelée miquan, dont on fait des boulettes.

En Espagne, on consomme une partie des batates qu’on récolte, et on vend l’autre aux capitaines des vaisseaux marchands des provinces maritimes, qui les exportent dans les autres ports voisins. Les plus estimées sont celles que l’on cultive sur une des côtes de Malaga ; elles sont d’un si grand rapport, que dans un seul petit endroit voisin de la ville de ce nom, il s’en débite pour 50,000 livres. On les vend aussi aux marchands de l’intérieur du royaume.

Usage des batates pour les animaux. Tous les animaux aiment la batate ; mais ce n’est pas sous forme de tubercule qu’on la leur donne dans les diverses parties de l’ouest de Saint-Domingue ; ils sont nourris avec la feuille et la tige de cette plante. La consommation qui se fait à cet égard, a produit auprès des villes et bourgs, des établissemens dont l’objet unique est la culture de la batate, comme fourrage ou bois batates ; car c’est ainsi qu’on appelle la tige garnie de ses feuilles. On conçoit bien que la batate, cultivée pour le bénéfice de son fourrage, ne peut donner que des tubercules chétifs et peu nombreux. En général, toutes les fois qu’une plante a l’avantage d’offrir par ses feuilles et par ses racines une récolte utile, il n’est pas douteux qu’en forçant la végétation vers les premières, on ne nuise à la vigueur des racines, et vice versâ.

Dans ce pays où la nature est perpétuellement en végétation, on fait par an jusqu’à quatre coupes de bois batates, en supposant que l’on réunisse à une excellente terre les secours de l’arrosement, ceux de la saison, et qu’on ait multiplié les sarclages. M. Moreau-de-Saint-Méry observe que quatre arpens, mesure de Paris, d’un excellent terrain, peuvent donner pour chaque coupe trente-six milliers de ce fourrage.

Le fourrage batate se vend par paquets, qui, dans les temps ordinaires, pèsent quarante livres. Un cheval ne peut être bien nourri qu’avec quatre paquets ; il en faut trois au mulet, et moins de deux à un âne : mais on doit avoir la précaution, avant de leur donner ce fourrage, de le laisser au soleil pendant une journée, dans la crainte qu’il ne les relâche s’il étoit donné plus lot ; mais il a beaucoup de propension à fermenter, ce qui fait qu’on ne le coupe qu’à mesure du besoin. (Parmentier.)


BATTRE, terme de chasse qui, joint à d’autres mots, s’emploie en sens diffèrens.

Battre une plaine, c’est la parcourir pour y découvrir le gibier, comme battre les buissons est chercher à le faire sortir des broussailles.

Un animal se fait battre, quand il se fait chasser long-temps dans le même canton : il bat l’eau, quand il va à l’eau par ruse, ou pour se rafraîchir. (S.)


BATTUE, chasse qui se fait avec plus ou moins de monde, dans la plaine ou au bois. Les hommes, femmes ou enfans que l’on emploie, et que l’on nomme traqueurs, forment une enceinte, puis marchant devant eux en faisant du bruit et frappant de leurs bâtons les arbres des forêts, poussent le gibier vers les chasseurs qui sont postés au côté opposé. Dans quelques pays, la battue au bois est appelée traque. (S.)


BAUDIR et REBAUDIR les chiens, (Chasse.) C’est exciter les chiens du cor ou de la voix. (S.)


BAUGE, (Chasse,) lieu de la forêt, pour l’ordinaire bourbeux et touffu, où le sanglier se lient couché pendant le jour. (S.)


BEAUTÉ DU CHEVAL, (Art vétéri-