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venable, et ne court pas risque d’être déracinée par l’arrosoir.

Arrosemens faits à bras d’hommes.— À l’arrosoir. Les arrosemens avec les diverses espèces d’arrosoirs ne sont en usage habituel que dans la partie septentrionale de l’Europe. Si on les emploie dans la partie méridionale, ce n’est que dans les jardins, et dans ceux, où l’on élève des plantes étrangères qu’on cultive dans des vases.

Les semis délicats qui se font dans les jardins légumiers ou fleuristes, s’arrosent avec des arrosoirs à pommes, dont les trous sont plus ou moins fins, en raison de la délicatesse des cultures auxquelles ils sont destinés. Ceux employés pour les semis de pleine terre, étendent l’eau sur une surface de deux pieds carrés environ, et les trous de leurs pommes n’ont pas plus d’une demi-ligne de diamètre. Ceux dont on se sert pour les arrosemens des semis en pots, en terrines, ou dans les caisses, ont la pomme, ainsi que les trous dont elle est percée, moitié moins grands que ceux du précédent. Les gros pois de terre, ou les caisses qui renferment les arbres ou arbrisseaux d’orangerie, ou de serre, s’arrosent avec des arrosoirs à goulots, dont l’ouverture a environ un pouce de diamètre. Les grosses touffes de plantes vivaces, les arbustes, les arbrisseaux plantés en pleine terre, s’arrosent encore avec le même arrosoir.

Mais, dans les jardins légumiers, et particulièrement dans les marais de Paris et de ses environs, on arrose les gros légumes par la gueule de l’arrosoir à pomme, pour suppléer à celui à goulot. Cette sorte d’arrosement est inférieure à celle qui se pratique par irrigation et par infiltration. Il faut la répéter beaucoup plus souvent, parce qu’elle n’arrose qu’une portion de la terre des cultures, et que celle qui l’environne étant sèche, l’humidité devant se mettre en équilibre, passe dans le sol qui l’avoisine ; d’une autre part, il est plus dispendieux à effectuer que toutes les autres espèces d’arrosemens, puisqu’il faut employer des journées d’ouvriers, pour porter l’eau à de grandes distances, et souvent la tirer d’un puits profond. Il est beaucoup plus pénible, puisque les jardiniers des pays septentrionaux ont toujours les arrosoirs pendus aux bras pendant la plus grande partie des jours les plus chauds, tandis que l’heureux cultivateur des pays méridionaux, une bêche à la main, n’a d’autre peine que d’ouvrir et de fermer les rigoles qui conduisent les eaux dans ses cultures.

À l’échoppe. On arrose avec cet ustensile, les lisières des prairies qui se trouvent sur le bord des petites rivières, des mares, et des ruisseaux. Un homme placé sur le bord de l’eau et même dedans jusqu’à mi-jambes, une échoppe à la main, y puise l’eau et la répand sur la prairie ou sur les gazons voisins ; avec un peu d’adresse et de force, il peut la lancer à quatre à cinq toises de distance. Ce moyen est employé dans quelques jardins traversés par de petites rivières, pour l’arrosement des gros légumes. Ou le pratique encore pour ceux des lisières de gazon qui bordent les eaux dans les jardins paysagistes. Cet arrosage est plus expéditif, plus profitable et moins coûteux que n’est l’emploi de l’arrosoir.

À la pompe. Les pompes à curettes et à roues, sont employées dans quelques jardins, soit à l’arrosement des pièces de gazons, soit à laver les feuilles des arbres. On conduit ces pompes roulantes dans le voisinage des cultures, et par le jeu de leur piston on chasse l’eau à une grande hauteur ; elle retombe en forme de pluie fine, sur les plantes qu’on veut arroser ; elle rafraîchit leurs feuilles et imbibe la terre dans laquelle elles sont plantées. On s’en sert,