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Il y a encore une autre espèce de sifflet pour le coucou, la tourterelle, et les ramiers ; sa forme est celle d’un cône tronqué, ou d’une moyenne lunette d’approche, dite lorgnette à spectacle. Il a environ trois pouces de long, vingt lignes de diamètre à son extrémité supérieure, et dix ou douze à la plus étroite. C’est sur le bord de l’extrémité la plus large qu’est placée l’embouchure du sifflet ; l’extrémité inférieure est fermée, et percée seulement au milieu d’un trou d’une ligne environ de diamètre ; ce trou, bouché et débouché tour à tour, sert à former dans le son du sifflet un intervalle de deux tons pleins, ce qui donne le cri du coucou, La tourterelle a un roucoulement monotone qui s’obtient en sifflant avec le trou débouché. La matière de ces appeaux est la corne, l’ivoire ou le bois, entr’autres, le bois d’ébène.

Les appeaux à languettes sont d’ordinaire très-connus des habitans de la campagne. Ce sont certaines feuilles placées à nu entre les lèvres, ou enfermées entre deux surfaces de bois très-rapprochées l’une de l’autre. Quelques oiseleurs pipent avec deux petites lames de fer-blanc, dont l’une est un peu plus longue que l’autre ; l’excédant de la première est replié aux deux bouts sur la petite, et sert à fixer entre deux un petit ruban ; cet appeau s’appelle une pratique. Il en est un particulièrement destiné à contrefaire la chouette : c’est un petit bâton long d’environ quatre pouces, et gros comme le petit doigt, de bois de troène ou de coudrier. On pratique dans le milieu une entaille longue de quinze ou dix-huit lignes, et creusée jusqu’à la moitié de l’épaisseur du bâton ; le petit morceau de bois enlevé de cette entaille, ou un autre pareil, se rajuste ensuite dans ce même espace, après qu’il a été recouvert d’une petite bande prise dans la pellicule de l’écorce du cerisier. Les extrémités du petit morceau de bois, frottant contre les deux rebords de l’entaille, servent à tendre et fixer la pellicule dont on vient de parler. Il faut encore avoir soin que cette petite écorce ait un peu de jeu entre les deux surfaces qui la couvrent. Pour cela, ces deux surfaces doivent être écartées l’une de l’autre, de l’épaisseur d’une foible lame de couteau, observant de plus que l’ouverture par où l’on souffle soit plus serrée que celle par où l’air sort. Il y a une manière plus simple de faire ces mêmes pipeaux, en fendant son petit bâton par le milieu et dans toute sa longueur ; ou creuse ensuite légèrement les deux surfaces, excepté à quelques lignes de leurs extrémités ; on place entre deux une feuille de chiendent, ou l’épiderme du cerisier, et l’on arrête avec un fort fil les deux bouts appliqués l’un contre l’autre. Les pipeaux, dont la languette est prise dans le bois même, se font de coudrier, de chêne ou de saule ; après qu’on a aplati jusqu’au centre le petit bâton dont on veut se servir, on lève sur la longueur une lame aussi mince qu’il est possible, que l’on recouvre ensuite d’une autre pièce du même bois, évidée de manière à ce que la petite lame puisse vibrer et comme frémir dans cette espèce de fourreau.

Enfin les oiseleurs se servent de feuilles nues pour piper et frouer, principalement de la feuille de lierre, de celle de saule, et de celle d’une espèce de chiendent, dit aussi herbe à piper. La feuille de lierre, percée d’un trou carré à son milieu, est repliée de manière à former un cône ou cornet évasé ; on tient la pointe de ce cône entre les trois premiers doigts d’une main. On a aussi des instrumens de métal qui imitent cette disposition. Avec les feuilles, et sur-tout avec le chiendent placé entre les lèvres, et soutenu à quelque distance par le pouce et l’index de chaque main, des