Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/228

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prompte croissance des plantes. Cette époque arrive, dans le climat de Paris, vers la fin de ventôse.

Le terrain qui paroît convenir le plus à sa culture est celui qui est meuble, plus léger que fort, perméable à l’humidité, mais qui ne la recèle pas plus de dix à douze jours, et dans laquelle elle ne tourne pas à la putridité ; enfin, un sol reposant sur un fond calcaire, ayant de six à huit pouces de profondeur au moins.

Les expositions découvertes et chaudes conviennent de préférence à l’alpiste ; s’il est placé à l’ombre, et si les étés sont pluvieux, il est sujet aux maladies de la rouille et du charbon qui en appauvrissent beaucoup les récoltes et souvent les anéantissent.

La préparation du terrain, pour recevoir les semis de cette plante, consiste en deux labours, lorsqu’ils s’exécutentsur des terres annuellement en culture. L’un se donne à la fin de l’automne, et l’autre huit à dix jours avant de semer les graines. Deux traits de herse croisés sont nécessaires pour diviser et unir le terrain ; les engrais doivent être de même nature et de même quantité que pour les semis du froment, si l’on fait succéder la culture de l’alpiste à une autre céréale ; mais on en économise la moitié, s’il remplace une légumineuse ou une plante d’une famille différente de la sienne. On peut se passer de toute espèce d’engrais, si l’on fait le semis sur le sol d’une prairie naturelle ou artificielle nouvellement retournée. Le terrain disposé en planches plates convient aux petites cultures qui se pratiquent dans les jardins ; mais pour les grandes qui s’effectuent en plein champ, il est préférable de les faire sur des terres disposées en billons, d’autant plus bombées que le sol est humide, et le climat pluvieux.

Les semis s’exécutent à la volée, c’est-à-dire de la même manière que ceux des autres céréales ; mais, comme la graine est des deux tiers plus petite que celle du froment, il convient de la mêler avec deux tiers de terre sèche, afin que la poignée, qu’a l’habitude de répandre le semeur, ne contienne que la même quantité de semences. Il est utile que ce semis soit plus clair que celui des autres grains. Lorsqu’il est trop épais, les plantes ne talent point, elles s’étiolent, deviennent foibles, et une pluie d’orage accompagnée de vent les abat et fait perdre la récolte. Miller a reconnu, par expérience, que les semis faits en rayons, à un pied de distance les uns des autres, étoient plus avantageux aux produits, que ceux faits en planches. Aux environs de Saint-Malo, on sème onze pots de graines, mesure du pays, par journal de terrain. Les semis s’enterrent avec la herse, et, lorsque le terrain est de nature sèche et contient des mottes friables, on passe le rouleau par dessus, pour l’unir et l’affermir. Les graines récoltées dans le pays peuvent être employées à cet usage sans qu’il soit besoin de faire venir les semences de loin.

La culture de l’alpiste, après que les semis ont été faits, se réduit à des sarclages, qu’on répète deux ou trois fois, suivant le besoin. Ils se font à la main, ou avec l’échardonnoir en houlette, avant que cette plante ne commence à montrer ses épis. Lorsque les semis ont été faits par rayons, on se sert de la binette, ou de la houe, pour détruire les mauvaises herbes.

L’époque de la maturité des semences est annoncée par la couleur jaune de la plante, de ses épis, et sur-tout de ses bâles intérieures qui, jaunissant les dernières, annoncent le terme précis de la maturité de la graine. Elle arrive communément, dans le nord de la France, à la fin de messidor, et, dans le midi, en