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ridée qui se pratiqué en hiver, lorsque les alouettes ne font que rider, c’est-à-dire, rasent la terre en volant d’un champ à l’autre. Pour cette chasse on dispose, bout à bout, les deux nappes, et l’on emploie trois guèdes pour les tendre, une à chaque extrémité, et la troisième dans le milieu ; c’est celle-là qui réunit les deux nappes. Ce filet est tendu de plus à ses deux extrémités par deux cordes et deux piquets, ainsi que je l’ai décrit pour la nappe simple. Il n’y a qu’une seule corde de tirage. Mais, pour qu’elle puisse lever et faire tourner le filet, on attache à un piquet et à la distance de quinze pieds de la tête des nappes, une poulie à chappe dans laquelle passe la corde de tirage : cette poulie doit être placée de manière qu’elle entre ou avance de deux pieds en dedans de l’alignement du terrain recouvert par les nappes. Pour attirer les alouettes, on tend le long du filet et en devant, une ficelle qui se prolonge jusqu’à la loge du chasseur ; à cette ficelle sont attachées quelques alouettes vivantes qui servent de moquettes ou appelants, et invitent celles des champs voisins à se rendre auprès d’elles : plusieurs traqueurs les y poussent en battant la campagne. Lorsque celui qui fait mouvoir les nappes, et qui doit être placé dans une loge de feuillages, à une distance convenable, voit le gibier à sa portée, il tire son filet et il enveloppe sa proie comme dans la chasse au miroir. On aura soin, en général, de ne pas tendre ses nappes contre le vent ; on tâchera autant que possible que le nappiste l’ait à dos.

Les nappes peuvent servir à une troisième chasse dite aux fourchettes', mais à leur défaut on y emploie tout autre grand filet, pourvu que les mailles n’en soient pas trop ouvertes. On chasse aux fourchettes l’hiver par les premières gelées ou lorsque la terre est couverte de neige ; et pour cela on se précautionne de trois ou quatre douzaines de petites baguettes de bois, grosses comme le petit doigt, longues d’un bon pied, pointues par un bout, terminées à l’autre par un embranchement qui fait la fourche. Munies de filets et de ces fourches ou fourchettes, plusieurs personnes se rendent aux champs, et quand on apperçoit des bandes d’alouettes, on les tourne de loin, à cent pas, par exemple, et on les force à se ramasser en circulant doucement, marchant courbé et imitant les mouvemens d’une vache qui paît. Quand les alouettes ont été rassemblées et qu’on n’en est plus éloigné qu’à une quarantaine de pas, on s’arrête pour déployer sur terre son filet, on l’étend à cent pas environ des alouettes et à travers les sillons ; on le soutient élevé sur les fourchettes plantées de distance en distance, et on le laisse pendre en terre de trois côtés. Le quatrième bord, que l’on tâche de disposer vers le côté où les alouettes prennent leur direction, reste ouvert et élevé sur un premier rang de fourchettes au moyen d’une corde qui passe par dessous et qui soutient le filet en l’air. Les fourchettes de ce premier rang doivent être plantées à deux pieds de distance l’une de l’autre ; Cette disposition peut être assez bien imaginée en se représentant un de ces grands paniers carrés et bas de bord, qui seroit renversé le fond en bas, et dont un des quatre côtés ou bords seroit cassé et relevé. Cela fait, on retourne, par un circuit, se placer au dessus des alouettes. Elles se trouvent par conséquent entre les chasseurs et l’ouverture du filet vers lequel on continue de les rabattre. Lorsqu’on les voit suffisamment approchées, on presse sa marche pour les forcer à se précipiter sous le filet ouvert devant elles, et on court promptement déplanter le premier rang des fourchettes pour le fermer entièrement. À cette chasse, comme aux précédentes, des alouettes vivantes attachées à l’entrée du filet ne pourroient que contribuer à accélérer l’approche