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la douille est d’environ dix lignes ; l’extrémité de la flèche ou guède qui s’enfonce dans cette douille, est taillée en pointe pour y entrer juste. La douille est, de plus, percée diamétralement d’un petit trou destiné à recevoir une pointe qui traverse et fixe le bois de la flèche ; la verge de fer qui traverse la tête de la douille forgée en anneau à cet effet, est grosse comme le petit doigt, et longue, entre les deux anneaux qui la terminent, d’environ trois pouces ; ces anneaux, dont un au moins, comme on doit le sentir, ne peut être forcé qu’après que la branche est passée dans l’œil de la douille, ont environ un pouce de diamètre ; ils reçoivent, ainsi qu’on l’a dit, un piquet à tête, qui les traverse, et qui, enfoncé avec force dans la terre, tient la machine en état, et lui fait servir de point d’appui au mouvement des guèdes.

Au reste, tous ces piquets, bien que d’un service commode et suffisant, ont l’inconvénient de n’entrer que d’une manière pour ainsi dire passive dans la rotation que décrit la flèche, et qui ne peut recevoir le mouvement que de l’adresse et de la force du chasseur. C’est ce qui a fait désirer pour ces instrumens une construction qui se prêtât au jeu de quelque ressort, propre à imprimer aux flèches ou guèdes le mouvement de rotation par lequel elles doivent ramener le filet sur le gibier. Or, voici ce que l’on a imaginé à cet effet, et que l’on pourroit appeler le piquet élastique. Sa première pièce est, comme dans le piquet à l’italienne, une douille destinée à recevoir l’extrémité des flèches ; mais cette douille est terminée par une tête ou bouton, au lieu de l’être par un anneau à branche ou verge qui, dans le piquet précédent, reçoit ce même anneau, se retrouve encore ici, mais avec une forme et une destination toutes différentes. Cette branche en effet, qui a six ligues d’équarrissage, est courbe, longue de six pouces, et se termine de chaque bout par deux anneaux d’un pouce environ de diamètre. Cet appareil tout en fer n’est que la partie supérieure d’un pivot on piquet aussi en fer qui, partant du milieu de la branche, et la séparant en deux parties égales, s’allonge en queue de six à huit pouces, pointue par le bout, large en haut de dix à douze lignes, et épaisse de quatre dans toute sa longueur. C’est ce pivot qui s’enfonce dans la terre. La double branche ou espèce de cornes qui le termine par le haut, et que j’ai décrite, s’élève dans sa courbure d’environ trois pouces au dessus de la tête du pivot. Les anneaux formés au bout de chaque corne reçoivent un cordeau posé comme celui de l’enlarmure, lequel est passé quatre fois de l’un à l’autre. Au centre de cette corde on engage la tête de la douille, et on la tourne alors de façon à ce qu’elle tord les cordes, ainsi que le fait le petit morceau de bois qu’on appelle la barre dans la monture d’une scie. Lorsque les cordes sont suffisamment torses, l’on repousse la douille de manière à ce que son bord supérieur vienne battre contre le milieu de l’embranchement d’où part le pivot. Par cet arrêt, la machine est en état de tension. (V. fig.7.) On doit sentir qu’alors, si on engage quatre flèches ou guèdes dans quatre douilles ainsi préparées, et convenablement tournées vis-à-vis l’une de l’autre, lorsqu’on aura forcé ces flèches à se replier de gauche et de droite, et à se renverser chacune en dehors, il faudra un effort bien moindre que celui qu’on emploie dans les autres piquets pour les exciter à se relever et à se rabattre les unes vers les autres, puisque, outre l’impression, qu’elles recevront du chasseur pour prendre ce mouvement, elles y seront d’ailleurs naturellement sollicitées par la corde qui les tient engagées, et qui, comme dans la monture de la scie, tend à se détordre en sens contraire.