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foins, la vive lumière dont elles sont frappées tout à coup au moment où on les conduit dans les champs, les rend très-susceptibles de prendre cette maladie, à laquelle elles sont fort sujettes, lorsqu’on les conduit dans les pâturages, pendant toute l’année. Il en est de même des moutons, qui respirent toujours l’air libre, et font beaucoup d’exercice.

L’albugo produite par des piqûres ou des coups, est simple, et rarement suivie d’accidens graves ; mais quand elle est épizootique, elle produit souvent la cécité, et quelquefois la perte du sujet, parce qu’il s’y joint aussi des maladies plus dangereuses, telles que le charbon, la dyssenterie. (Voyez ces mots.) Le moyen le plus certain de garantir les animaux des atteintes de l’albugo, dans les années sèches et chaudes, est de ne jamais les laisser manquer de bonne eau, de leur fournir du meilleur fourrage possible, et de suppléer à l’herbe verte, par des betteraves, des topinambours, des turneps et du son mouillé. Il faudra aussi procurer aux bestiaux des abris commodes, où ils puissent respirer le frais. Les lavemens mucilagineux, et les breuvages don nés en grande quantité, débarrassent le ventre dans l’invasion et les progrès de cette maladie : la saignée et les sétons conviennent, si elle est opiniâtre, et a une tendance vers la malignité. (Voyez Mucilagineux, Saignée et Charbon.)

La cure de la tache en elle-même est simple ; on doit bassiner l’œil malade, avec une éponge ou un chiffon imbibé d’eau tiède, aiguisée d’un peu d’eau-de-vie ; on peut tenir sur cette partie, des compresses trempées dans cette liqueur, mais elles doivent être très-légères, car si elles étoient pesantes, elles augmenteroient la douleur, loin de la calmer. Ces derniers remèdes suffisent, avec la saignée et les émolliens, dans l’albugo produite par des causes locales. Si la tache n’est que dans les lames externes de la cornée, et que l’albugo ne soit point compliquée d’autres maladies, elle se dissipe plus facilement, et la circonférence de la tache diminue peu à peu. Les moyens préservatifs sont les seuls, ou presque les seuls à employer dans l’albugo épizootique. (Ch. et Fr.)


ALCALIS, (Chimie.) On désigne sous le nom d’alcalis des substances solides ou liquides, dont les propriétés les plus remarquables sont de verdir les couleurs bleues, de s’unir aux acides pour former des composés nouveaux, d’agir d’une manière très-énergique sur tous les corps, et de former des savons avec les huiles, les graisses et les matières animales. Ils sont au nombre de cinq, savoir : la barite, la potasse, la soude, la strontiane, l’ammoniaque, et l’on pourroit peut-être y joindre encore la magnésie et la chaux, qui par leurs caractères se rapprochent assez fortement des alcalis que nous venons d’indiquer.

À l’époque où les belles découvertes des chimistes modernes donnèrent à la science une face toute nouvelle, on reconnut bientôt que si l’un des principes de l’air, l’oxigène, avoit une si grande influence dans la combustion, la respiration et l’acidification, l’autre de ces principes, l’azote, dont on soupçonnoit déjà l’importance dans la végétation, et que M. Berthollet venoit d’obtenir de la décomposition de l’ammoniaque, devoit être le générateur de tous les alcalis. M. Fourçroy, qui le premier développa d’une manière très-séduisante ces lois de l’analogie sur la formation des acides et des alcalis, convient, dans son Système des Connoissances chimiques, que si pour cette dernière classe il n’existe rien de plus en faveur de son opinion, aucun fait n’est encore venu la détruire. Cependant, on peut citer les expériences de M. Caraudau, qui dégage de l’ammo-