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mier, et le débit avantageux du superflu de ses denrées lui fournit des moyens d’améliorer sa culture, auxquels le petit fermier ne peut atteindre.

Dans ceux de moyenne culture, les métayers, sans capitaux suffisans, n’ont d’ailleurs aucun intérêt à produire du superflu en céréales, puisqu’ils ne pourroient pas le vendre avec avantage. Dans cette position, ils ont toujours trop de terres pour cette culture, et comme elle ne leur est pas profitable, ils la négligent.

D’un autre côté, les produits de cette culture ne suffisent pas pour satisfaire à tous les besoins des métayers, et, pour compléter les moyens de faire subsister et d’élever leur famille, ils portent leurs vues sur l’industrie agricole la plus favorable que le climat et la nature de leurs terres puissent comporter.

Si la localité est riche en prairies et en pâturages, le métayer s’occupe principalement de l’éducation et de l’engraissement des bestiaux.

Si les terres sont arides, il engage son propriétaire à les complanter ou en châtaigniers, ou en noyers, ou en oliviers, ou en pommiers à cidre, suivant la position de ces terres, leur nature, et la température du climat de la localité.

Ces différentes branches de l’industrie agricole présentent en général au métayer des profits plus assurés et plus grands que la culture des céréales, et les soins particuliers qu’ils donnent aux premières sont au détriment de la dernière qu’ils n’ont plus le temps de surveiller ; ils l’abandonnent donc à des mercenaires.

Dans ces mêmes localités, le petit propriétaire tient une conduite toute différente. Il n’embrasse en travaux agricoles, que ce qu’il peut faire ou surveiller par lui-même. Il y apporte plus d’intelligence, plus de prévoyance et plus de capitaux ; ses terres doivent donc être mieux labourées, plus fumées que celles du métayer ; elles doivent donc produire de plus belles récoltes.

C’est sans doute dans ces pays de moyenne culture que les agronomes anglomanes ont été chercher des exemples pour colorer le mépris qu’ils affectent d’avoir pour l’agriculture française, et justifier leur prédilection pour les petites exploitations sur les grandes.

Quoi qu’il en soit, nous devons faire remarquer que la moyenne culture française présente, suivant les localités dans lesquelles elle est admise, ou l’intelligence la plus grande, ou la routine la plus mauvaise.

Par exemple, dans les cantons de moyenne culture, où la culture des céréales est réunie à l’éducation et à l’engraissement des bestiaux, et qui sont privés des moyens de multiplier les engrais, cette culture est en général très-mauvaise.

En effet, on vient de voir que les métayers négligent leur culture pour se livrer presqu’entièrement à l’éducation et à l’engraissement de leurs bestiaux.

De plus, quel que soit le nombre de ces bestiaux, ils ne produisent presque pas de fumiers, attendu qu’ils restent dans les pâturages la plus grande partie de l’année, et la quantité de ces fumiers n’est jamais en proportion avec l’étendue des terres qu’ils cultivent.

Ces terres, d’ailleurs, sont à peine labourées et fumées ; leurs récoltes sont chétives et incertaines, et produisent peu de pailles. Enfin, cette culture est mal entendue dans ces localités, même en considérant l’éducation et l’engraissement des bestiaux comme son occupation principale et la plus profitable. Si les métayers, au lieu d’ensemencer annuellement en blé vingt arpens de terres par tournure ou sole, qu’ils ne peuvent labourer ni fumer convenablement,