Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bustibles ; il paroît avoir la propriété de dissoudre l’or.

Acide nitrique. L’acide nitrique se retire du salpêtre, par le moyen de l’acide sulfurique, ou des terres bolaires. Quoiqu’il soit fort impur, ou le vend dans cet état, et il porte, dans le commerce, le nom d’eau-forte. Débarrassé, par sa distillation avec les oxides de plomb, des acides sulfurique et muriatique, et parfaitement purifié, c’est un liquide blanc plus dense que l’eau, il colore en jaune les matières animales, et il a une saveur acide si prononcée, qu’il brûle et désorganise les matières avec lesquelles il est en contact. L’acide nitrique exhale constamment une fumée blanche dont l’odeur est désagréable ; il est en partie décomposé par la lumière et les métaux qui, le privant d’une portion de son oxigène, déterminent sa coloration ; il convertit en résine beaucoup de substances végétales, sur-tout les huiles. C’est à Navier, médecin de Châlons-sur-Marne, que nous devons le premier procédé satisfaisant pour le combiner avec l’alcool ; il mettoit ensemble de l’esprit de vin et de l’acide nitrique, qu’il laissoit dans une bouteille parfaitement bouchée, jusqu’à ce que l’éther fût formé à sa surface. En traitant des éthers, nous ferons connoître tout ce qui a rapport aux préparations de ce genre. Baumé s’est servi avec beaucoup d’avantage d’un mélange de deux gros d’acide nitrique et d’une pinte d’alcool, pour donner à la soie une belle couleur jaune de la plus grande solidité.

Les empoisonnemens par l’acide nitrique sont malheureusement si multipliés, que l’on ne sauroit répéter trop souvent les moyens de remédier à ses terribles ravages. M. Tartra, à qui nous devons un excellent Traité sur les empoisonnemens par l’acide nitrique, en comparant entr’eux tous les médicamens qu’on a employés, donne la préférence à la magnésie dont M. Fourcroy avoit déjà fortement recommandé l’usage. L’acide nitrique agit d’une manière si prompte, que le sort du malade dépend toujours de la prompte administration des moyens qui peuvent arrêter ses effets.

Il faudra donner sur le champ de l’eau à grande dose, de l’eau de savon, et faire prendre souvent des potions composées d’un ou deux gros de magnésie pure incorporée avec l’eau sucrée ou le sirop. L’acide neutralisé, il faudra faire prendre de doux laxatifs, tels que la manne unie à l’huile d’amandes douces, des émolliens, des rafraîchissans, afin de calmer et de détruire l’irritation intérieure.

En médecine, il a été employé avec quelques succès pour remplacer le mercure dans le traitement des maladies syphilitiques ; on s’en sert dans beaucoup d’arts, tels que ceux du jouaillier, du bijoutier, du chapelier et du graveur. L’acide nitrique est composé de vingt parties d’azote sur quatre-vingt d’oxigène.

On retire l’acide nitrique du nitrate de potasse, ou salpêtre, qui se trouve à la surface du sol dans plusieurs contrées, sur-tout dans les Indes. Scopoli assure avoir vu, en Hongrie, une source qui en donnoit un quintal par heure : mélangé avec le charbon et le soufre, il forme la poudre à canon, et avec le carbonate de potasse, la poudre fulminante. Ce sel existe dans un grand nombre de végétaux, tels que la buglose, le tournesol, la bourrache, le soleil, et il est employé dans les arts et en médecine.

Acide Oxalique. La substance qu’on vend dans le commerce, sous le nom de sel d’oseille, est une combinaison d’acide oxalique en excès avec la potasse ; contenue dans les rumex, les oxalis, les alléluia, elle est préparée en grand dans le Hartz, la Suisse et dans les forêts de